Fraternités missionnaires capucines
au cœur de l'Amazonie
1.
Introduction.
Depuis 2010, et un peu plus ces six dernières années, il est question d'une
fraternité interprovinciale en Amazonie, où l'on pourrait mener un travail
missionnaire avec une attention particulière aux peuples indigènes. La
proposition a été discutée dans plusieurs lieux sans parvenir à un résultat
concret.
Au début de ce sexennat, notre Ministre général,
Frère Roberto Genuin, proposait dans sa lettre-programme « Remercions le
Seigneur » :
Compte tenu des résultats positifs et de
l'impulsion donnée par le Chapitre, le Conseil général a également l'intention
de vérifier la possibilité de lancer une fraternité interculturelle en
Amérique, comme celles du « Projet de fraternité pour l'Europe » ;
en effet, nous pensons qu'il pourrait s'agir d'un instrument valable pour
donner une nouvelle vie à d'autres circonscriptions en dehors des limites
territoriales du vieux continent. C'est pourquoi, afin de dépasser la
désignation géographique et en prenant comme référence cette année jubilaire
dédiée à Saint Laurent de Brindes - un homme qui a su admirablement allier la
prière prolongée, la préparation culturelle et l'engagement inlassable pour
implanter efficacement et faire progresser vigoureusement l'Ordre - nous avons
décidé de nommer le Projet non plus « Fraternité pour l'Europe »,
mais « Fraternité de Saint Laurent de Brindes » (# 51).
2.
Que sont les Fraternités Saint Laurent de Brindes ?
Suite à la réunion tenue à Fatima en décembre 2014, le Frère Mauro Jöhri a
défini ces fraternités comme suit :
« Nous voulons essayer un nouveau chemin, en
créant des fraternités interculturelles qui, à la lumière de l'Évangile et de
nos Constitutions, vivent la prière, la vie fraternelle et la mission de manière
authentique et cohérente. La ressource de l'interculturalité sera le témoignage
que des frères de cultures différentes, s'ils regardent le Christ présent parmi
eux, peuvent vivre, se donner et travailler ensemble. Nous sommes soutenus par
la conscience que le charisme de François d'Assise, vécu et témoigné, a encore
beaucoup à dire et à communiquer aux hommes et aux femmes de notre temps ».
« Je veux voir émerger des fraternités qui
vivent une foi authentique et profonde, où la qualité des relations
fraternelles devient un témoignage de l'amour de Dieu, et un lieu d'accueil
capable de générer des propositions pour suivre le Seigneur Jésus. Nous voulons
évangéliser avec notre vie quotidienne et nous voulons le faire en communion
avec les Églises locales et avec les réalités ecclésiales là où le Seigneur
nous donnera d'être présents » (Frère Mauro Jöhri - Fraternités pour l'Europe
- 28/01/2015).
3.
Caractéristiques charismatiques des
Fraternités San Lorenzo da Brindisi.
Ces fraternités doivent vivre intensément la vie fraternelle, la minorité,
la prière et l'apostolat. Nous indiquons quelques caractéristiques
charismatiques de ces fraternités internationales :
A.
Sur la valeur de la vie fraternelle :
Les frères doivent être convaincus que la vie fraternelle est fondamentale
pour notre vie capucine et qu'elle est aussi notre premier apostolat. Être
vraiment frères signifie s'aimer les uns les autres, prendre soin les uns des
autres, se servir les uns des autres, avoir une certaine familiarité, prendre
plaisir à être ensemble. Pour cela, nous devons créer un environnement de
confiance, de joie, de sensibilité, d'acceptation, de dialogue et aussi de
pardon. Tout cela n'est rien d'autre que vivre l'Évangile, et si nous voulons
évangéliser, nous devons d'abord être prêts à vivre cela.
Pour cette raison, la qualité de la vie fraternelle sera très importante,
en créant un bon climat : pendant les repas, les récréations, les fêtes
d'anniversaire, les promenades, les soirées ou les journées de fraternité, des
moments fréquents où tous les frères et seulement les frères de la fraternité
se réunissent.
Il est très important de tenir un chapitre local une fois par mois, comme
une occasion de formation, de prière, de révision de vie, de partage de
sentiments, de planification et de révision des activités, etc.
Il sera également très important pour les frères de prendre le temps de se
connaître, de s'écouter les uns les autres : vie familiale, histoire
professionnelle, rêves et frustrations, attentes de la fraternité. Les
relations fraternelles sont grandement renforcées lorsque les moments de
douleur et de difficulté sont vécus ensemble comme de véritables frères ou même
comme des « mères », surtout, par exemple, dans les moments de
maladie, les difficultés familiales (maladie des parents ou des proches, deuil,
crise... écouter, prier ensemble...), les moments de conflit ou de crise.
Le Gardien de chacune de ces fraternités sera une figure fondamentale et
devra être un véritable stimulateur de la fraternité et des relations
mutuelles. Pour cette raison, au moment de la nomination, il sera très
important pour le Supérieur majeur de faire un bon discernement, en impliquant
également le Conseiller général de la zone.
B.
La valeur de la minorité.
François s'est inspiré du mystère de l'Incarnation pour encourager la
minorité. Cette caractéristique doit aussi être très présente dans notre vie
afin de ne pas défigurer notre être franciscain. Dans la minorité nous trouvons
la synthèse de la pauvreté avec l'humilité et cette dernière est liée à la
sobriété, la simplicité, l'essentialité, la transparence.
Expressions concrètes de la minorité qui doit être cultivée dans ces
fraternités : assumer avec joie et zèle les services simples de la maison, en
évitant autant que possible d'avoir des employés et de leur faire faire les
choses typiques des « mineurs ». Cela devient étrange lorsque nous
engageons des gens pour faire les choses les plus simples dans nos maisons.
Nous devrions promouvoir la simplicité dans les choses que nous possédons
et utilisons, la sobriété dans la nourriture, qui devrait être bonne,
suffisante, saine, mais en même temps simple et inspirée des aliments que les
populations locales mangent. Normalement, nous ne pouvons pas manger dans nos
maisons ce qui n'est pas typique du lieu, ce serait un manque d'incarnation.
Certains jours de fête, nous pouvons « importer » d'autres aliments.
Il est important de maintenir une économie transparente, attentive aux
besoins réels des frères. Les économes doivent se sentir les serviteurs de la
fraternité et rien d'autre, et chacun doit donner avec confiance tout ce qu'il
reçoit. La fraternité doit faire preuve de créativité pour être productive. On
pourrait dire qu'elle devrait essayer d'être autonome pour les choses
ordinaires, dans la limite de ce qui est possible dans cette réalité
missionnaire spécifique. Il est certain que lorsqu'il y a un groupe
d'étudiants, les dépenses seront plus élevées et d'autres subventions peuvent
être utilisées.
L'amour du travail est sans doute une part importante de notre
spiritualité, le travail est une grâce. La chose normale dans nos vies est de
travailler pour se procurer ce que nous « mangeons » et aussi pour partager
ce que nous avons reçu. Si nous sommes en bonne santé et capables, nous devons
rejeter l'idée d'être soutenus. Nous vivons du travail de nos mains et, en
situation de manque, nous nous tournons vers la table du Seigneur. N'oublions
pas que nous sommes un ordre mendiant. Et le fait que même des gens simples
collaborent avec nous nous aide à prendre conscience de notre vocation.
Le port de notre habit religieux, selon nos Constitutions, est aussi un
signe de minorité et de pauvreté. Sans doute, bien que son usage continu ne
soit pas obligatoire, il est un signe fort de notre consécration et nous aide à
consolider notre identité. Dans certains moments de la vie fraternelle, comme
dans la prière ou même dans la vie pastorale, il peut être un signe important
de notre amour pour notre vocation, et il se révèle être un excellent promoteur
des vocations.
C.
La valeur d'une vie de prière.
Selon l'idéal de saint François, la prière devrait être prioritaire dans notre
vie, rien ne devrait passer avant elle, et c'est ce que nous voulons essayer de
vivre dans toutes nos fraternités. Pendant une bonne partie de notre temps,
nous voulons être en fraternité avec le Seigneur, profiter de sa présence, nous
nourrissant de sa Parole, nous remplissant de sa grâce. Cela signifie un temps
important. La prière ne peut pas s'insérer dans les créneaux horaires des
autres activités, mais les autres activités occupent le temps restant de la
prière (sinon ce n'est pas la principale). La prière ne doit pas être un
fardeau, une obligation, mais une grâce, un plaisir, donc il ne faut pas la
laisser pour faire autre chose, mais cette priorité doit être vécue avec joie.
L'Eucharistie doit être la
source et le sommet de la vie fraternelle. Elle doit être célébrée
ordinairement chaque jour avec la présence de tous les frères de la fraternité,
dans la chapelle de la fraternité ou ailleurs, avec ou sans la participation
d'autres fidèles, même si un frère célèbre une autre messe pour des raisons
pastorales. L'idéal est de participer à la messe fraternelle, comme le demande
l'Église. Cette messe fraternelle, sacrement de l'unité, célébrée
quotidiennement par tous les frères, est le fondement de notre fraternité, et
c'est ce qui nous aide à être un seul corps et une seule âme. Cette messe doit
être vécue avec une grande intensité : il faut préparer tout ce qui est
nécessaire pour que la participation soit active, consciente et fructueuse.
La Liturgie des Heures, qui
répartit le dialogue joyeux avec le Seigneur sur les différentes heures de la
journée, doit marquer le rythme de la fraternité et être un motif de joie et
d'engagement. Par la profession religieuse, nous prenons tous l'engagement de
prier la Liturgie des Heures dans son intégralité, en fraternité, et lorsque
cela n'est pas possible, chacun doit le faire, même seul. Dans la mesure du
possible, la fraternité doit célébrer toutes les heures (Office des lectures,
Laudes, Prière du milieu du jour, Vêpres et Complies). Cependant, selon les
Constitutions, les Laudes et les Vêpres ne peuvent être omises, c'est-à-dire
que la fraternité doit trouver le moyen de les célébrer ordinairement en
commun, ainsi que tous les autres moments possibles. Ici, le critère est
inversé : non pas le minimum requis, mais le maximum possible.
Prière mentale, méditation ou contemplation. La tradition
capucine a toujours été très jalouse de ce temps de silence généralement vécu
en commun au chœur, et complété dans les chambres. Selon nos Constitutions, ce
temps devrait être d'au moins une heure par jour. Parfois, nous sommes
tellement agités que nous avons du mal à le vivre, mais il est important de le
pratiquer avec patience afin de grandir dans cette valeur. Il peut être fait
deux fois par jour, mais l'expérience nous dit qu'il est préférable de le faire
ensemble dans la chapelle. Nous ne pouvons pas nous dire contemplatifs si nous
ne faisons pas cette expérience. Même si nous sommes débordés par le travail
apostolique, ce temps est essentiel pour bien travailler.
En plus de tout cela, il est également très important que les frères
cultivent une certaine prière
dévotionnelle qui, selon l'occasion, peut être vécue en fraternité, mais
sans remplacer les autres formes de prière (messe, liturgie des heures ou
méditation), mais comme quelque chose de plus en complément.
D. La valeur de l'apostolat.
L'apostolat est une partie intégrante et nécessaire de notre vie capucine.
Nous sommes appelés, consacrés et envoyés pour servir. Notre vie n'a pas de
sens si elle n'est pas au service de l'Église et surtout de ceux qui souffrent.
Il est important de préciser que l'apostolat n'est pas notre priorité,
c'est-à-dire qu'il n'est pas ce qui vient en premier, mais cela ne signifie pas
que nous pouvons vivre sans lui, ce serait absurde.
Puisque nous sommes appelés à vivre notre mission en tant que Frères
mineurs, notre apostolat doit être caractérisé par notre manière d'être. L'Église
attend de nous, capucins, une collaboration spécifique, une évangélisation avec
notre charisme, un travail apostolique qui porte notre empreinte. Elle ne veut
pas que nous fassions simplement ce qu'un prêtre diocésain ou un autre
missionnaire peut très bien faire.
C'est pourquoi, dans notre activité apostolique,
il est important de se rappeler que nous sommes des frères. C'est à
partir de la fraternité que nous « servons ». Dans la fraternité,
nous discernons, entreprenons des activités, travaillons et évaluons. Il est
fondamental de travailler ensemble, tout ce que nous faisons doit être une
expression fraternelle. Nous ne sommes pas une société de vie apostolique,
c'est-à-dire de « spécialistes de la pastorale », qui vivent ensemble
uniquement pour simplifier certaines choses, mais dans le travail apostolique,
chacun fait de son mieux et chacun fait ses propres affaires. (Et ce n'est pas
que ceux qui vivent cela le font mal, au contraire, il y a beaucoup de mérite,
mais nous, les capucins, nous ne devons pas être comme cela). Nous sommes et
nous voulons être une fraternité apostolique, c'est-à-dire des hommes
transformés qui aiment travailler ensemble, en équipe, en dépassant la
compétition, la jalousie et les intérêts personnels…
Nous ne sommes pas seulement des frères, nous
sommes aussi des mineurs, c'est-à-dire que nous préférons être à la
dernière place, nous aimons faire ce que les autres ne veulent pas faire, nous
aimons aller vers les « lépreux » pour qu'ils nous guérissent, et
nous considérons comme doux, ce qui aux yeux du monde est amer, nous aimons aller
à la rencontre de ceux qui sont loin de Dieu. Nous n'avons pas besoin d'un
endroit où nous pouvons dire « c'est moi qui commande ici ».
Il est très important de garder à l'esprit qui
nous sommes afin de réaliser notre plan pastoral ou notre projet missionnaire.
Les fraternités ont besoin de découvrir le service pastoral spécifique que Dieu
veut de nous, capucins, là-bas, un projet qui ne dépend pas tant des qualités
spécifiques ou du goût d'un certain frère qui est maintenant là, mais quelque
chose qui peut convenir à tout frère capucin qui vient et veut s'y joindre, et
qui, si l'un d'entre eux part, peut toujours continuer. Il ne s'agit pas de
mépriser les dons personnels de chacun, qui sont certainement une richesse, et
peuvent aider beaucoup, mais dans le cadre d'un projet global.
Un autre aspect très important pour notre projet pastoral est d'accompagner
l'Église, d'être attentif aux indications des évêques, tant qu'ils ne veulent
pas nous éloigner de notre charisme. C'est la mission des évêques de nous aider
dans la fidélité au charisme approuvé par l'Église.
Il est très important pour ces Fraternités d'avoir une forte attention
vocationnelle, c'est-à-dire de prier pour les vocations et d'être attentif à
susciter la sensibilité à leur vocation chez les jeunes avec lesquels elles
seront en contact, et de les accompagner activement dans leur discernement, en
leur donnant l'occasion de partager notre vie. Au moment opportun, les
vocations seront envoyées à la Circonscription correspondante.
4.
Où seront ces Fraternités Saint Laurent en
Amazonie ?
Il y aura deux fraternités internationales près de la triple frontière
entre le Brésil, la Colombie et le Pérou, dans les villes de Benjamin Constant
(Brésil) et Leticia (Colombie), où nous avons déjà des fraternités.
5.
Quelle sera la spécificité ?
En plus de vivre la proposition des Fraternités Internationales de Saint
Laurent de Brindes dans ce contexte significatif et missionnaire, elles devront
être un centre de formation qui puisse offrir, surtout aux post-novices et
aussi aux autres frères qui le souhaitent, l'opportunité d'une formation
théorique et pratique sur l'idéal de la mission dans notre Ordre capucin. (P.
Roberto Genuin, Ministre général. Prot. n. 000240/20).
Par conséquent, les deux fraternités partageront ce même et unique projet,
et devront être une présence significative du charisme capucin en Amazonie
(fraternelle, mineure, contemplative et apostolique) qui soit une école de vie
et de mission pour les frères dans leur formation permanente, et je souhaite
cette opportunité de manière spéciale pour les frères qui terminent leur
formation initiale.
6. Caractéristiques générales communes aux
deux fraternités
A. En ce qui concerne la
composition et le nombre de frères, il est indiqué ce qui suit :
•
Il
doit y avoir au moins 4 frères stables dans chaque fraternité, encore mieux
s'il y en a 5, de sorte que si un frère doit s'absenter pour une raison
quelconque ou aller en vacances, elle ne cesse pas d'être une fraternité.
•
Parmi
ces frères, au moins deux doivent être de leur propre circonscription, un du
Pérou et les autres de toute autre circonscription de l'Ordre, avec un contrat
de collaboration fraternelle, préparé pour cette réalité, et signé entre les
Supérieurs majeurs concernés et avec l'approbation du Ministre général.
B. En ce qui concerne les langues, il sera très important pour
Benjamin Constant d'avoir au moins un frère hispanophone et à Leticia au moins
un frère lusophone. Ce bilinguisme semble également être une exigence vu la
situation des deux fraternités :
•
Benjamin
Constant, qui est au Brésil, a de l'autre côté du fleuve « Islanda »
le Pérou et l'immense fleuve Yavari, qui est la frontière entre les deux pays
avec de nombreuses communautés (indigènes et « riberinhas ») où nous
sommes appelés à travailler pastoralement ...
•
Leticia,
qui se trouve en Colombie, est en face de Tabatinga, qui se trouve au Brésil,
et de l'autre côté de la rivière se trouve Santa Rosa (Pérou), avec de
nombreuses communautés très négligées. Dans la mission de cette fraternité, il
serait très important d'identifier un apostolat qui pourrait traverser ces
frontières.
7. La relation entre les deux fraternités :
Chacune des Fraternités dépend du Supérieur Majeur dont dépend son
territoire, cependant, elles ont un programme commun d'aide mutuelle pour
s'encourager mutuellement dans l'expérience des aspects charismatiques et pour
partager le programme de formation missionnaire. C'est pourquoi ils prendront
en compte les aspects suivants afin d'entretenir une relation et un projet
commun :
•
Ils
doivent tenir au moins une réunion mensuelle d'une journée complète, avec la
participation de tous les frères : il peut s'agir d'un chapitre de formation,
d'une journée de retraite, d'un partage des activités missionnaires, mais aussi
de commémorations d'anniversaires ou d'autres événements.
•
Les
réunions, pour ce qui est du lieu, peuvent
être alternées entre les deux Fraternités, à moins qu'une raison ou une
situation particulière n'exige qu'il en soit autrement.
•
Lors
d'une réunion de planification en début d'année, le programme de ces réunions
doit être établi pour l'ensemble de l'année, mais rien n'empêche de tenir une
réunion extraordinaire pour une autre occasion.
•
Que les
Gardiens encouragent une relation fructueuse entre tous les membres des deux
Fraternités, et que les occasions de rencontre des deux fraternités soient vues
et vécues comme d'agréables occasions d'expérience fraternelle.
•
Des
moyens de communication fluides doivent être créés entre tous les membres des
deux Fraternités, comme un groupe sur les réseaux sociaux ou d'autres moyens.
•
Il
sera important que tous les deux fraternités parlent des aspects spécifiques
qu'elles désirent avoir, des horaires, et aussi des choses pratiques pour que,
dans la mesure du possible, ils soient similaires, en pensant aux groupes qui
feront la formation, il n'y ait pas de fractures et, bien sûr, qu'ils aient les
mêmes motivations.
•
Chaque
fraternité aura son propre projet d'apostolat missionnaire, mais il sera important
de promouvoir quelques activités pastorales communes au cours de l'année,
impliquant tous les frères des deux fraternités, comme une expression concrète
de notre manière fraternelle de servir l'Église.
•
Que les
frères d'une fraternité connaissent relativement bien le service pastoral qui
est effectué dans l'autre, de sorte que ceux d'une fraternité peuvent
facilement remplacer ceux de l'autre lorsque les frères de cette fraternité
doivent s'absenter en raison des activités de la circonscription : retraites
annuelles, assemblées ...
8.
Caractéristiques des frères pour ces fraternités.
Il est très important que les frères qui composeront ces fraternités soient
des frères passionnés par la vocation capucine : ils aiment vivre et travailler
en fraternité, disponibles pour le dialogue, la planification et l'évaluation ;
ils doivent être animés et désireux d'une vie de prière selon notre idéal ;
ils ne doivent avoir aucune difficulté avec les services fraternels et une vie
simple et avoir un amour pour l'apostolat, l'évangélisation et la mission ;
et ils doivent avoir une santé physique adéquate. Il ne doit pas s'agir de
frères parfaits, mais de frères qui n'ont pas de préjugés sur ce qui est
typique de ces fraternités internationales de Saint-Laurent, et qui veulent
grandir.
Il est très important, en outre, que les frères qui participeront au projet
soient attentifs à construire ces présences authentiquement capucines, mais
avec un visage amazonien. Il est certain que notre façon d'être capucins peut
être enrichie par de nombreuses expressions nouvelles apprises des cultures
millénaires qui sont là. Pour cette raison, les "nouveaux" frères qui
y vivront doivent être préparés à cette expérience, surtout ceux qui viennent
d'autres réalités : étudier quelque chose sur la culture, l'Église locale,
l'inculturation, le dialogue interreligieux, etc. En un mot : être tout
disposés à apprendre, plutôt qu'à enseigner...
9.
Tâches du Supérieur majeur de la Circonscription qui est sur son territoire
Chaque fraternité sera animée par le Supérieur majeur de la
Circonscription territoriale, c'est-à-dire qu'elle sera sous sa responsabilité,
comme toutes les autres fraternités de la Province, mais il devra tenir compte
de sa particularité :
•
Il
existe un projet commun entre les deux Fraternités, qui doit être chéri, promu
et respecté.
•
L'importance
de discuter de toute décision avec le Supérieur majeur de l'autre fraternité et
aussi avec le Conseiller général de la région.
•
La
visite du Supérieur majeur devrait avoir lieu au moins deux fois par an, et,
si possible, l'une d'entre elles pourrait se faire conjointement avec le
Supérieur majeur de l'autre et visiter les deux Fraternités, et envoyer un
rapport aux Conseillers généraux de la région.
•
Il
est très important que le Supérieur majeur ne pense pas qu'il s'agit d'un
projet de la Curie générale et qu'il ne le néglige pas.
•
Bien
que le projet dépende des Supérieurs Majeurs de la Circonscription
territoriale, la Curie Générale (surtout à travers ses Secrétariats) offre un
soutien sur des questions spécifiques telles que la formation correcte de la
fraternité, la qualité de l'offre de formation et la continuité de la
collaboration.
10. Le projet fraternel de chaque fraternité
et le projet de formation missionnaire
Les frères qui formeront ces fraternités se consacreront en l'an 2022 à
vivre intensément notre vie capucine, en cherchant à consolider la vie
fraternelle, la minorité et la vie de prière. Certes, ce mode de vie exige un
changement de mentalité, une reformulation des options, une révision des
priorités, mais c'est précisément pour cela qu'il s'agit d'un « idéal de
vie », c'est-à-dire de quelque chose qui nous stimule, nous met en
mouvement et nous fait aller de l'avant. Pendant cette période, les nouveaux
membres apprendront également à connaître les services apostoliques en cours,
en essayant d'approcher les personnes, les groupes apostoliques et les
communautés indigènes avec ouverture et respect. Ce n'est pas le moment de
faire des changements ou des modifications, mais d'apprendre à connaître, à
discuter et à comprendre ce qui se fait, et d'apprendre à connaître les gens du
lieu, leur culture, leur foi.
En outre, au cours de cette première année, les frères travailleront avec
les Secrétariats généraux pour développer un cours de formation missionnaire
pour tous les post-novices des Amériques et aussi pour d'autres frères du monde
entier qui souhaitent passer du temps en formation missionnaire continue charismatique,
à réaliser ad experimentum en l'an
2023.
À partir de la deuxième année, les frères commenceront à développer un
nouveau projet pastoral missionnaire qui s'inscrive dans notre mode de vie
capucin et dans les fraternités internationales « Saint Laurent de Brindes ».
Pour cela, l'on prendra en considération :
•
Les
indications du pape François dans l'exhortation « Querida Amazonia » ;
•
Les
indications de la Conférence ecclésiale d'Amazonie ;
•
Les
indications des évêques locaux, selon le projet pastoral diocésain.
•
Connaître
les indications du Réseau Ecclésial Pan Amazonien (REPAM) et découvrir quelle
contribution spécifique nous pouvons apporter à ce projet très important.
•
Être
en mesure de participer aux initiatives inter-congrégations promues sur le
territoire.
Avant tout, nous voulons vivre intensément notre vie capucine, et nous
espérons que les frères en formation et les frères qui feront l'expérience de
ces fraternités non seulement grandissent dans leur désir de mission parmi les
indigènes, ce qui sera très intéressant, mais aussi retournent dans leurs
circonscriptions renouvelés dans notre vocation ordinaire.
11. Fonds de subsistance
Normalement, la fraternité doit trouver un moyen de subsistance avec son
propre travail, avec la collaboration des populations locales, et si cela ne
suffisait pas avec l'aide de la circonscription.
L'entretien ordinaire des bâtiments, ainsi que les autres dépenses ou taxes
liées à leur possession, sont à la charge des Circonscriptions propriétaires
des bâtiments.
Les Conférences capucines d'Amérique devraient créer un fonds pour aider à soutenir
le « Projet » dans ce que les fraternités elles-mêmes ne peuvent pas
faire, à travers la collaboration de chacune des Circonscriptions, en
impliquant leurs respectifs Secrétariats pour l'Évangélisation, l'Animation et
la Coopération missionnaire.
En cas de besoin extraordinaire, le Supérieur majeur de la Circonscription,
ou les deux Supérieurs majeurs, peuvent envoyer une demande d'aide financière
au Bureau de la Solidarité Internationale de l'Ordre.
12. Conclusion.
L'Ordre voit dans les fraternités « Saint Laurent de Brindes » un
moyen de sauver nos valeurs et, avec elles, de contribuer à raviver la flamme
de notre charisme.
Les indications contenues dans ce projet de fraternités internationales au
cœur de l'Amazonie ne sont en fait rien d'autre que ce qui devrait être vécu
dans toutes les fraternités capucines, mais pour de nombreuses raisons, elles
sont parfois quelque peu négligées. Ce ne sont pas des exigences pesantes, mais
plutôt la manière d'être capucins dans le monde, et les frères qui ressentent
cette vocation peuvent se réaliser profondément en les vivant. Vivre ces
valeurs est certainement notre meilleur chemin vers le bonheur selon la manière
des capucins.
Profil des frères qui feront partie
de fraternités internationales en Amazonie
Avant-propos : Nous savons que le frère idéal n'existe pas et que nous sommes
tous en construction, mais compte tenu des caractéristiques proposées à ces
fraternités, nous voudrions donner quelques indications qui peuvent aider
d'abord les frères qui souhaitent participer à cette expérience afin qu'ils
puissent faire leur discernement personnel et ensuite aussi leurs Supérieurs majeurs
qui, selon nos Constitutions, sont ceux qui doivent envoyer généreusement les
frères en mission, quand ils sont considérés aptes. « Les ministres ne
prétexteront pas le petit nombre de frères dans la province pour refuser
d’envoyer ceux qui sont capables. Qu’ils se déchargent plutôt de tout souci et
de toute préoccupation sur Celui qui prend continuellement soin de nous »
(Const. 176,3).
1 - Il doit s'agir d'un frère qui « par inspiration divine se sent
appelé à cette œuvre missionnaire » (Const. 176,1),
c'est-à-dire qui a mûri dans la prière et dans la vie cet appel divin.
2 - un frère qui est passionné par notre charisme et qui veut vivre la
mission à partir de notre dimension charismatique. Le désir missionnaire seul
ne suffit pas, il faut vouloir être missionnaire capucin.
3 - un frère adapté à la vie de la fraternité : capable d'écoute et de
dialogue, d'aimer et de servir les frères, capable de relations
interpersonnelles saines et non conflictuelles. Qui aime les dynamiques
fraternelles : chapitres locaux, partage fraternel. Une personne positive et
flexible.
4 - un frère qui aime la minorité. Disponible pour rendre des services
fraternels jusqu'aux services les plus simples ; sans trop de demandes de
confort, de nourriture ou d'objets personnels, avec la capacité d'assumer
positivement les limitations logistiques du lieu, et qui croit que la pauvreté
est une valeur.
5 - un frère ouvert et en syntonie avec notre vie de prière, qui comprend
que c'est notre priorité (Const. 45,7),
avec le désir de grandir dans la vie spirituelle capucine, qui n'oppose pas de
résistance à l'Eucharistie quotidienne, à la Liturgie des Heures et à la méditation,
même s'il sent qu'il doit s'améliorer.
6 - un frère optimiste, généreux dans la vie apostolique et prêt à la vivre
en fraternité, qui veut vivre la fraternité comme le premier apostolat. Capable
de se donner dans la mission, mais en se laissant guider par la fraternité et
l'Église ; ouvert à l'inculturation, capable et désireux d'apprendre
d'autres langues et avec un plaisir particulier à servir les plus démunis ;
capable de collaborer de manière créative à un projet de mission (planifier,
exécuter et évaluer).
7 - un frère disposé à collaborer à l'accompagnement et à la formation des
frères qui visitent les fraternités pour faire l'expérience de la fraternité et
de la mission, en prêchant tant par le témoignage de la vie que par la parole.
8 - un frère mûr (de préférence âgé de 35 à 55 ans), en bonne santé
physique et émotionnelle. S'il avait un problème de santé, ce ne serait pas
quelque chose qui mettrait la fraternité dans une situation difficile ; il
devrait avoir une stabilité émotionnelle capable de vivre avec joie les
situations possibles qui peuvent survenir dans la mission.
9 - un frère qui sait interagir de manière saine avec sa famille et ses
amis, sans créer de situations inconfortables pour la fraternité.
10 - un frère ou une sœur qui souhaite faire partie de cette expérience
pendant au moins 6 ans.
Nous insistons sur le fait que nous ne pensons pas à un frère parfait, mais
à un frère, comme la plupart des frères, qui vit son être capucin avec joie,
simplicité et disponibilité et qui veut grandir et s'améliorer de toutes les
manières possibles. Mais il y a des frères qui perçoivent clairement, à partir
de leur histoire, qu'ils ne sont pas adaptés à cette expérience, parce qu'ils
vont certainement beaucoup souffrir et faire souffrir.