mercoledì 19 luglio 2023

 

La Mission 

dans la Ratio Formationis des Capucins

 

Ce texte veut aider à la mise en œuvre de la Ratio Formationis et c’est une lecture intentionnelle de l'ensemble du document aux yeux de la mission, c'est-à-dire une recherche de toutes les indications qui sont liées de quelque manière que ce soit à cet aspect très important de notre charisme. Avec lui, nous voulons offrir à ceux qui vont travailler à l'adaptation des itinéraires formatifs des circonscriptions un réveil pour que l'aspect missionnaire ait l'espace et la force qui lui correspondent. D'autre part, il veut offrir à tous les frères une lecture de la formation continue qui stimule l'esprit missionnaire avec quelques explications sur ce que l'Ordre comprend pour la mission capucine.

 

Un ordre missionnaire

La Ratio nous dit: "la dimension missionnaire est au cœur de notre projet: être Capucin, c'est vouloir aller là où personne ne veut aller ..." (RF 41). Comprenons cela.

Dès le début, alors qu'il n'y avait que huit frères, François d’Assise comprenait déjà que deux par deux ils devaient partir en mission dans les quatre directions. Les premiers frères voulaient, où ils passaient, par l'exemple et la parole, secouer les cœurs paralysés ou maladroits à travers une rencontre renouvelée avec le Christ pauvre et crucifié. Ils ont simplement invité tout le monde à la conversion (pénitence). Ensuite, François a voulu que les frères traversent les Alpes et plus tard qu’ils aillent parmi les Sarrasins. En fait, «François retrouve le modèle apostolique (itinérance, prédication et fraternité)» (RF 36).

Les Capucins ont aussi dès le début trouvé dans une vie très contemplative la poussée au service des plus nécessiteux, des pauvres et des tourmentés1, et quand l'Église en avait besoin dans les missions, sans crainte, ils se lançaient là où d'autres ne voulaient pas aller. Nous avons constaté que dès le début de notre réforme, il y avait un désir de mission, et cela a été cultivé parmi les frères. Déjà les Constitutions de Santa Eufemia (1536), dans le numéro 143 insistent: "Les ministres ne prennent pas en considération le petit nombre des frères, ni ne regrettent le départ des bons en mission ...". En fait, nous avons été de grands collaborateurs de Propaganda Fidei, et son premier martyr est précisément notre bien-aimé Saint Fidel de Sigmaringa. Nous étions présents lors de l'implantation de l'Église dans de nombreuses régions difficiles de la planète.

Nos Constitutions actuelles définissent que nous sommes un Ordre missionnaire et tous les frères doivent en quelque sorte vivre ce charisme: «dans notre Fraternité Apostolique, nous sommes tous appelés à porter le joyeux message de salut à ceux qui ne croient pas au Christ dans aucun continent ou région où se rencontrent; c'est pourquoi nous nous considérons tous comme des missionnaires.» (Const.176.1). C'est cela, qui rend si nécessaire que tout au long du processus d'initiation à notre vie nos candidats soient aidés à embrasser passionnément cet idéal, car: «la mission occupe une place centrale dans l'histoire de l'Ordre. Toutes les étapes de la formation doivent être à leur horizon» (RF 122). Notre formation doit nous former à la mission.

La Ratio nous rappelle également une devise qui a motivé tant de générations de frères et porté de si bons fruits: «être capucin, missionnaire et saint» (RF 101). Bien que les temps aient changé, cette proposition se poursuit plus que jamais et doit être assumée par tous ceux qui veulent embrasser cette vie.

 

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1 "La réforme des Capucins est née avec le profond désir de retourner dans les ermitages et dans les endroits reculés qui favorisent la rencontre avec Jésus pauvre et crucifié, où le silence se transforme en service et confort pour les tourmentés et la contemplation devient compassion" (RF 69 ).

Notre mission doit être capucine

«Incarner et renforcer les valeurs de notre identité charismatique» est le titre de la lettre de promulgation de la Ratio Formationis, et il résume certainement très bien l'esprit qui anime l'ensemble du document. Sans aucun doute, l'idéal ultime est la suite du Christ de son évangile, mais, à cela, tous les chrétiens sont appelés. Notre suite du Christ devient spécifique lorsque nous le faisons à la manière de François d'Assise, et elle devient encore plus particulière lorsque nous l'assumons dans le style capucin. Comprendre cette spécificité, comme notre richesse charismatique, est ce qui peut nous aider à être plus authentiques et avec une contribution précieuse et unique à l'Église. Cela ne signifie certainement pas que nous sommes meilleurs ou pires que les autres, mais que nous avons quelque chose qui nous appartient. Et sur cela, nous devons insister, nous voulons continuer à être significatifs.

Si cela est valable pour tous les aspects du suivi (relations, pauvreté, prière, compassion ...) comme la Ratio nous l'indique très clairement, c'est également vrai pour la mission. Nous devons «annoncer l'Évangile avec la force de notre charisme» (RF Proemio). Notre mission doit être marquée par notre être capucin, c'est-à-dire que si notre mission est vécue de la même manière que toute autre dans l'Église (comme un prêtre diocésain, ou un laïc consacré ou un membre de toute autre congrégation), quelque chose ne marche pas, même si nous faisons beaucoup. Dieu et l'Église espèrent que notre évangélisation soit marquée et enrichie du charisme que le Seigneur nous a confié et dont l'Église est devenue la garde (cf. RF 59). Il est donc essentiel "de découvrir dans notre mission charismatique un moyen de collaborer à la construction d'un monde plus évangélique et fraternel" (RF 264).

Nous proposons ici les quatre éléments fondamentaux de notre charisme: la fraternité, la minorité, la contemplation et le service aux pauvres, en cherchant toujours à réfléchir sur eux la mission. Comme nous le savons, ils sont mutuellement impliqués, clarifiés et soutenus. Le charisme est l'amalgame des quatre, et si l'un d'eux manque ou s'il est vécu de manière insuffisante, c'est l'être capucin qui se dégrade, s'estompe et cesse d'être attractif.

 

* La fraternité

La Ratio insiste fortement sur la primauté de la fraternité dans notre vie charismatique et cela a un impact profond sur notre façon d'évangéliser. Gardons à l'esprit certaines de ses affirmations importantes: «Vivre en frères est le miroir des valeurs du Royaume, sa plus belle annonce, la manière la plus authentique de partager le désir de Dieu» (RF 20); "Le témoignage de notre vie fraternelle est sans aucun doute le moyen le plus crédible de l'annoncer" (RF 41); "La vie fraternelle est le premier service d'évangélisation" (RF 72); «Vivre en frères mineurs l'un pour l'autre est l'élément essentiel de la vocation franciscaine, qui devient à son tour le premier élément de l'évangélisation» (RF 115); «Vivre en vrais frères au milieu du monde est la manière la plus fidèle et la plus belle d'annoncer Jésus et son Évangile» (RF 120). Par conséquent, être fraternel en plus d'être notre première manière d'évangéliser, est également la condition pour le faire, c'est-à-dire que les frères sont toujours envoyés par la fraternité. Dans la mesure du possible, nous effectuons notre apostolat avec d'autres frères parce que "les expériences pastorales, accompagnées et menées avec d'autres frères, doivent être l'expression de toute la fraternité, évitant l'individualisme" (RF An 1,28). Mais lorsque cela n'est pas possible, le frère ne peut pas perdre le lien avec la fraternité. La mission n'est pas la sienne, mais de la fraternité, qui peut lui confier l'exécution concrète, mais toujours en son nom.

Cela signifie que lorsqu'un candidat nous cherche, peut-être avec tant de rêves évangélisateurs et tant de projets de mission, il doit être clair de la pastorale des vocations que notre façon de le faire est dans la fraternité. Notre Ordre ne veut pas être une école pour les missionnaires individuels, même s'ils ont beaucoup de valeurs et de dons et peuvent faire tellement de bien à l'Église. Les vocations excellentes pour la pastorale et qui ne veulent pas comprendre et assumer la valeur de la fraternité ne nous servent pas. N'oublions pas que pour nous "la fraternité est le premier lieu de notre dévouement" (RF 62). Elle est primordiale dans notre vie et cela doit être clair dès le début. Sans aucun doute, être fraternel s'apprend, se purifie et se perfectionne tout au long du processus, mais il est important que le candidat fasse preuve de capacité et d'intérêt pour lui.2 Par conséquent, "la capacité relationnelle, l'ouverture mentale, la tolérance et la flexibilité sont des éléments essentiels de la personnalité de celui qui choisit la vie fraternelle" (RF 104).

Pour être d'authentiques missionnaires capucins, nous devons d'abord apprendre de Jésus-Christ à être fraternel, car "il a été révélé à François que les frères sont essentiels pour vivre comme Jésus" (RF 35). Il faut être déterminé à accueillir, aimer et servir les frères que Dieu me donne comme compagnons de route. C'est vivre avec eux, peu importe leur différence (d'âge, de pensée, de culture, de cadeaux et de vices), l'expérience de partager la vie concrète de chaque jour, avec la sensibilité de percevoir leurs besoins et la décision de les servir en tant que mère. (RgB 6,8), avec un dialogue sincère et profond qui nous expose dans nos différences, mais épicé de pardon et de compréhension, que nous pourrons être des missionnaires capucins, car ce que l'Ordre attend de chaque frère, c'est qu'il sait «évangéliser avec la vie et la parole du témoignage des relations fraternelles »(RF 191).

 

* La Minorité

L'autre grand représentant de notre façon d'être est la Minorité. François voulait que nous soyons un ordre de frères mineurs. La minorité, par conséquent, qualifie la fraternité et purifie les relations parce qu'elle "configure nos façons de désirer, démasquant la tentation d'être et de faire de grandes choses" (RF 67). Lorsque nous comprenons cette valeur et l'assumons, renonçant volontairement à tout et à toute prétention d'être au-dessus des autres frères ou d'avoir des conditions spéciales pour une raison quelconque, mais nous cherchons à être au-dessous, à servir avec joie, comme l'Évangile le demande, alors tout cela devient plus simple et plus facile dans la fraternité, parce que la minorité transforme en douceur ce qui aux yeux du monde est amertume. En fait, pour nous, franciscains, il y a «incompatibilité entre fraternité et pouvoir. Celui qui veut être frère mineur doit servir et renoncer à toutes sortes de domination sur l'autrea» (RF 24).

De même, notre mission doit être marquée par une minorité. Nos "activités pastorales doivent être en accord avec notre vocation de mineurs, nous apprenant à vouloir aller là où personne ne veut aller" (RF An 1,28). Le frère mineur doit aussi être mineur vis-à-vis des personnes qu'il va servir dans l'apostolat, ne pas se cacher dans des titres ou des commissions et ne même pas différencier qui il est: pécheur ou saint, malade ou sain, pauvre ou riche, ignorant ou intellectuel, athée ou croyant ... bien qu'il préfère ceux qui sont les plus abandonnés3. La minorité, lorsqu'elle est assumée dans le travail pastoral, fait que le frère vit vraiment l'idéal de service, car il y en a beaucoup qui ont le titre de serviteurs, mais ils demandent à être servis en tout. En fait, «un frère mineur se distingue par sa proximité et sa solidarité avec les pauvres; pour leur appréciation et leur respect des diverses cultures, langues et religions; pour leur engagement en faveur de la justice sociale, de la construction de la paix et de la protection écologique de la planète»(RF 124).

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2  « Les points suivants doivent être pris en compte d'une manière particulière: a) que les candidats sont, en raison de leur caractère, aptes à la coexistence fraternelle de notre vie évangélique» Const. 18,3

3 "La fraternité et la minorité sont nos maîtres mots: être frères de tous sans exclure personne, accueillir préférentiellement les" mineurs "de notre société" (RF 64).

 

Le Ratio nous rappelle que chez les Capucins cette minorité est devenue très visible dans «la sobriété avec la recherche de l'essentiel» (RF 67). Cela doit également être présent dans notre idéal de mission. Le missionnaire capucin ne doit pas être celui qui pense que pour aller à la mission il faut une provision de beaucoup d'argent, pour pouvoir rester bien et construire de grandes structures: imposants couvents ou colossales œuvres sociales. La minorité authentique est profondément liée à la pauvreté, à la confiance dans la providence et à l'engagement d'une vie sobre. La sécurité économique, aussi dans le ministère pastoral et dans la mission, continue d'être la grande tentation, que François et la réforme capucine ont fermement rejetée. Nous avons déjà dit plus haut que la tentation de faire de grandes choses nous éloigne de la minorité.

 

* La contemplation

L'autre grande caractéristique charismatique de notre Ordre est la vie contemplative. Elle est à l'origine de notre désir de rencontrer l'autre, surtout ceux qui souffrent ou sont loin du Christ. "De cette intimité naît le désir de la mission: construire ensemble le Royaume des Cieux" (RF 118). Car nous savons que "le silence devient service ... et la contemplation devient compassion" (RF 69). Pour cette raison, nos formandi et tous les frères doivent être stimulés, aidés et formés pour assumer la vie contemplative franciscaine-capucine, c'est-à-dire aimer particulièrement la contemplation «dans la fraternité du Christ, pauvre et nu, qui s'identifie aux pauvres et à ceux qui souffrent» (RF 97), si nous voulons qu'il naisse en nous, se consolide et soit preservé le désir de la mission à la manière capucine. Nous avons déjà été avertis: «d'une vie de prière médiocre, rien ne peut naître mais un service médiocre et fragile qui recule devant le premier obstacle qui se trouve sur la route» (Johri Reav 16).

Cela signifie que non seulement dans les maisons de formation, mais dans toutes nos fraternités, les temps et les modes de prière et de contemplation doivent être jalousement promus et préservés. Si le missionnaire capucin perd son esprit de prière contemplatif, la mission lui en voudra, car la contemplation est «l'espace inaliénable dans lequel nos yeux sont chargés de miséricorde» (RF 38). Nous ne pouvons absolument pas nous permettre de penser qu'une fraternité hautement apostolique peut réduire ou éteindre les temps de prière, de méditation et de contemplation à cause des nombreuses œuvres pastorales, car cela amènera cette fraternité à la ruine. "Sans contemplation, il n'y a pas de fraternité" (RF 70).

De plus, dans notre mission, nous sommes invités à partager avec les autres fidèles cette richesse de notre charisme, comme le demandent nos Constitutions: «efforçons-nous donc avec diligence d'apprendre l'art de la prière et de le transmettre aux autres» (Const. 55.6 ). Nous devons donc être des enseignants de prière dans notre pastorale, introduire notre peuple non seulement dans les prières traditionnelles mais aussi dans la contemplation. Cela transformera certainement les gens parce que: «ceux qui se laissent toucher par le silence se rapportent plus profondément au monde, s'ouvrent à la paix et vivent de manière plus authentique» (RF 2). Pour que cela se produise, il est absolument nécessaire qu'en formation nos candidats apprennent, pratiquent, aiment, intériorisent et assument comme une valeur quotidienne, non seulement importante mais absolument nécessaire, car à la fin de l'initiation à notre vie ils doivent être des enseignants de prière, surtout contemplatifs .

 

* Liés aux pauvres et aux souffrants

Notre fraternité capucine n'est pas autosuffisante, ne peut pas vivre dans l'autoréférentialité, ne peut pas se consommer uniquement dans ses activités internes, c'est-à-dire qu'une partie importante de notre force, énergie, intelligence, créativité et ressources doit être dépensée pour la mission. Et cela vaut pour toutes nos fraternités, car "une fraternité mineure et contemplative devient sensible aux besoins et aux souffrances des autres et s'ouvre à la recherche de nouvelles voies de justice, de paix et de soin pour la création" (RF 71). Si cela ne se produit pas, la fraternité suffoque. Notre être fraternel, mineur et contemplatif, s'il est authentique, nous ouvre à l'apostolat, nous fait écouter le besoin et y répond: nous voici, Seigneur, envoie-nous!4

Cependant, il est très important de souligner quelque chose sur laquelle la Ratio a insisté: nous avons besoin des lépreux, des pauvres, de ceux qui souffrent avant tout non pas pour les servir mais pour apprendre. Avant d'être leurs serviteurs, nous devons être en relation avec eux, afin qu'ils nous aident à être ce que nous voulons être. Nous devons inverser notre conception: ils ne sont pas seulement les destinataires de notre miséricorde, au contraire, ils sont avant tout des agents de notre transformation. "Grâce aux lépreux, François commence à se connaître et éprouve un sentiment de gratitude" (RF 23). "Au milieu des lépreux, loin de toute fausse sécurité, une véritable sécurité intérieure naît" (RF 24). Pour cette raison, la même chose qui s'est produite avec François doit se produire dans notre processus de formation, nous devons être en contact avec les pauvres à toutes les étapes de la formation. Nous devons prendre conscience que «les pauvres sont nos enseignants» (RF 111; 174; annexe 2.19). Pour cela, il est essentiel de prévoir dans la formation des expériences non seulement de solidarité avec eux réalisées à partir de nos titres, mais des moments forts et longs de rencontre et de coexistence, qui peuvent nous donner la possibilité de voir le monde avec leurs yeux. «Les pauvres deviennent nos véritables formateurs lorsque nous risquons de comprendre la réalité de leur point de vue et de faire nôtres leurs priorités. Les fruits n'attendent pas: le regard se concentre sur l'essentiel; nous vivons mieux avec moins; la confiance et l'abandon à la providence entre les mains du Père font des options réelles et concrètes pour la vie» (RF 176). Ces expériences sont essentielles dans la formation initiale, mais elles feraient également un énorme bien dans la formation continue. Certes, il sera également très important de savoir comment travailler la réalité familiale de nombreux formandi précisément afin qu'ils ne perdent pas ou ne renient pas leurs racines, ce qui doit être une contribution à la fraternité.

Ce n'est qu'après avoir reçu et assimilé la contribution que les pauvres doivent nous apporter que nous devenons capables d'avoir une compassion authentique, respectueuse et opérationnelle pour ceux qui souffrent. En effet, «notre formation, à travers un processus d'accompagnement personnalisé, offre les instruments nécessaires pour faire de nous des hommes libres, émotionnellement matures et compatissants» (RF 76). Ainsi, toutes nos missions seront marquées par une grande sensibilité envers ceux qui souffrent. Nous ne pouvons pas être dans le monde, ne recherchant qu'une vie confortable, entourés uniquement de personnes aisées, exigeant que tous les besoins minimaux soient satisfaits, et parfois même plus que ce qui est vraiment nécessaire. "François lui-même, amoureux des paroles de Jésus, met en garde ses frères contre la tentation de revêtir la vie nue et simple du Maître, et nous invite à vivre évangéliquement et sine glossa" (RF 19). Si nous sommes de vrais capucins, nous ne pouvons pas être indifférents aux frères qui souffrent dans notre apostolat, ils seront toujours des destinataires privilégiés de notre action pastorale. "La conversion consiste précisément à changer notre regard, en passant de l'indifférence à la compassion" (RF 31).

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4 "J'ai entendu la voix du Seigneur:" Qui enverrai-je et qui ira pour nous? " J'ai répondu: "Me voici: envoyez-moi!" Est 6,8.


D’autres caractéristiques du missionnaire capucin

Il suffirait certainement de dire que le missionnaire capucin doit être fraternel, mineur, contemplatif et apostolique. Si cela est vrai, nous voulons nous référer à d'autres caractéristiques que nous trouvons dans la Ratio et que, bien qu'elles puissent être implicitement liées aux quatre ci-dessus, il peut être important de les rendre explicites.

 

* itinérant - "le modèle de vie itinérante nous concentre sur le fondamental" (RF 8). Le missionnaire capucin vit intensément là où l'obéissance le place, cherchant à y être un don total, mais il est toujours prêt à partir. Elle ne s'approprie rien, ni la mission. «La centralité du Christ dans nos vies nous aide à comprendre la mission à partir de sa dimension itinérante» (RF 113). Il ne nous appartient pas de ne pas vouloir partir où que ce soit, ni de souffrir car une partie de notre présence doit être délivrée.

 

* capable de rencontre - «Justement, l'Évangile - le livre qui raconte les rencontres de Jésus, la plupart avec les pauvres, les malades et les exclus - nous propose, comme centre de vie, la capacité de rencontre» (RF 18). Le missionnaire capucin ne peut pas être un homme renfermé sur lui-même ou qui fuit les gens, encore moins se cacher de ceux qui en ont besoin. Au contraire, il favorise la rencontre: non seulement il se laisse retrouver, mais il va aussi chercher ce qui est perdu.

 

* experts en communion - "la force charismatique de notre vocation capucine, engagée dans la mission de l'Église, fait de nous des experts en communion grâce au témoignage des relations" (RF 121). Alors que nous sommes formés pour savoir accueillir les différents, écouter, dialoguer avec humilité, trouver le bien dans l'autre, respecter les particularités… cela fait de nous des experts dans la génération de la communion. Chaque Capucin doit être compétent dans la médiation des conflits, capable de dialoguer et de travailler avec d'autres églises ou d'autres religions, impliquant des non-croyants, ou des athées, ou des scientifiques, ou des politiciens, ou des dirigeants sociaux, dans des initiatives de bien commun ... sans crainte de tirer le meilleur parti de chacun. "Il est caractéristique de notre mission la création d'espaces d'écoute et de dialogue entre foi et raison, entre croyants et non-croyants, entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes religions" (RF 125).

 

* fidèle et créatif - "la fidélité et la créativité sont les clés pour suivre de plus près et aimer Jésus plus intensément" (RF 57). Dans un monde en mutation, à la rencontre de cultures diverses, face à des situations complètement nouvelles, il est essentiel que le missionnaire ne soit pas un simple répétiteur du passé, mais que, tout en ayant des valeurs claires, il recherche de manière créative de nouvelles façons appropriées de les proposer et de les actualiser. La réforme des Capucins a fait "recréer dans les nouveaux contextes culturels ses (de François) véritables intuitions" (RF 57), et c'est ce que nous devons continuer à faire aujourd'hui. "Nous sommes appelés à une fidélité créative: trouver, dans différentes cultures, comment témoigner de l'Évangile" (RF 135).

 

* propositif - "l'Évangile ne s'impose pas, il propose et prend comme point de départ la reconnaissance de la vérité qui vit dans l'autre" (RF 41). Notre charisme nous conduit à une évangélisation respectueuse. Bien que le missionnaire soit très convaincu de ses valeurs, d'abord il leur présente sa vie, puis il cherche à reconnaître le bien qui existe déjà là où il est, et de là avec simplicité et humilité que Jésus-Christ propose.

 

* gratuit - "La gratuité est au cœur du franciscain" (RF 62). Le missionnaire capucin est un homme qui a compris qu'il devait donner gratuitement ce qu'il avait déjà reçu et continue de recevoir6. Vous ne pouvez pas brasser des arrière-pensées dans ce que vous faites. Beaucoup moins vivant en attendant une compensation pour son travail pastoral. Notre réforme capucine a été très insistante à ce sujet. Certes, il est important de trouver des moyens de se maintenir, mais sans oublier la providence et sans perdre la gratuité.

 

* capable de travailler ensemble - «nous sommes envoyés par la fraternité, et notre mission n'a de sens que si nous nous maintenons en communion fraternelle et avec l'Église. La pastorale en fraternité est le meilleur antidote contre l'activisme et l'individualisme et nous protège du narcissisme apostolique» (RF 121). Il est très important que le missionnaire sache travailler ensemble et ait surmonté la tentation de croire qu'il est le seul sauveur. Formé à la vie fraternelle, il doit aussi vivre cela avec les dirigeants des communautés qu'il est appelé à servir, en développant toujours plus la ministérialité des laïcs, et en travaillant toujours avec les conseils (pastoraux et économiques) et les commissions. Dans la mission également, l'idée du frère qui fait tout seul doit être surmontée.

 

* indifférent au "succès" pastoral - "la fraternité et la mission sont notre raison d'être, et ce n'est pas l'efficacité pastorale mais la qualité de nos relations qui nous définit charismatiquement et fait de nous des témoins authentiques de l'Évangile" (RF 115) . Les plans ou les structures pastorales ne sont donc pas au-dessus des gens. Il faut être conscient de la tentation d'avoir les dernières technologies sous prétexte de "mieux servir" quand ces choses nous éloignent du charisme. L'authentique missionnaire capucin cherche dans sa mission pastorale à servir les frères avec humilité sans s'intéresser au «succès», c'est-à-dire sans se soucier d'être célèbre ou reconnu. Héritiers de Saint François, nous savons que «la vraie joie ne réside pas dans le succès» (RF 51), mais dans l'identification avec le Christ, en particulier avec le Christ pauvre et crucifié. Il ne sert à rien d'être super efficace et de faire des choses incroyables, si dans le premier examen nous perdons notre paix.

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 5 "Notre mission est de découvrir tout le bien qui nous entoure pour en prendre soin, l'aider à grandir et le partager" (RF 71).

6  Deux fois le Ratio cite Mt 10.8 "Vous l'avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement." RF 62; 71.

                     

Comment imprégner notre formation de telles caractéristiques

 

Dans la Ratio, nous trouvons des indications générales, c'est-à-dire qui aident à assimiler toutes les valeurs de notre vie. Cependant, nous voulons les voir ici en référence au thème de la mission.

 

* initiation - il y a de nombreuses fois que la Ratio insiste sur le fait que notre formation doit être formulée de manière initiatique et aux numéros 137, 138, 139, 140 et 141, elle essaie d'expliquer brièvement ce que cela signifie. Par rapport à la mission, cette initiation signifie concrètement faire du candidat qui nous cherche devenir missionnaire capucin. Commencer dans la mission capucine, c'est plus qu'étudier une partie du contenu pastoral et participer à certaines activités avec les gens. Il faut qu'à travers un programme complet élaboré à partir de notre charisme missionnaire, qui tienne compte de la réalité personnelle de chacun (dons et limitations), le fasse assumer à la première personne, théoriquement et expérientiellement, tout ce qui est vraiment important être un missionnaire capucin. Et à la fin de cet itinéraire, démontrez que vous avez assimilé nos valeurs et développé un véritable désir de vous donner dans la mission dont l'Ordre a besoin.

      

* toujours présent - pour que notre formation soit globale, la Ratio indique que les 5 dimensions (charismatique, humaine, spirituelle, intellectuelle et missionnaire-pastorale) doivent être présentes à toutes les étapes de la formation7. Cela signifie que bien que dans un stade l'accent puisse être plus fort dans l'un d'eux, en aucun cas les autres peuvent être absents ou oubliés. "Toutes les étapes doivent avoir (la mission) à l'horizon" (RF 122). Même le noviciat, que beaucoup pensaient être un an sans pastorale, doit trouver le moyen approprié d'intégrer cette dimension, sans cesser d'insister un peu plus sur d'autres. Pour cette raison, la Ratio indique des propositions concrètes pour chacune des étapes.

 

* continu et cohérent - "un chemin d'initiation, continu et cohérent, doit nous aider à incarner nos valeurs charismatiques" (RF 122). Outre la nécessité que la dimension missionnaire-pastorale soit présente dans toutes les étapes, il est également essentiel qu'il y ait continuité dans cette formation, même si les expériences sont différentes à chaque étape, elles doivent répondre à un plan qui les concatène de manière cohérente. Il ne suffit pas, d'avoir un programme pour chaque étape, il est important qu'ils soient cohérents entre eux, et qu'ils répondent à l'objectif général de la formation.

     

* progressif - un autre aspect sur lequel la Ratio insiste beaucoup est que devant l'objectif final que nous avons - un frère qui est fraternel, mineur, contemplatif et non seulement disponible mais dynamique avec la mission, sans mesurer les difficultés ni imposer des exigences - nous devons établir des objectifs pour chacune des étapes, mais elles sont enchaînées de manière progressive. Il faut dépasser l'idée que la dimension pastorale ou missionnaire de chaque étape est quelque chose de spontané et de simple adaptation ou la situation du lieu où l'on se trouve ou la sensibilité du formateur de service. Encore moins, que c'est un moyen simple d'occuper les week-ends de ceux qui s'entraînent avec des activités extérieures. De cette façon, bien qu'il y ait toujours des activités pastorales pendant toutes les années, il n'y aura pas de véritable formation pour la mission comme indiqué ci-dessus. La dimension missionnaire-pastorale doit être planifiée et orientée selon un itinéraire de croissance. À chaque étape, ou chaque année, il est nécessaire d'être clair sur les objectifs que vous souhaitez atteindre, sachant qu'à l'étape suivante, vous devrez aller plus loin, jusqu'à atteindre l'objectif final. Car «à la fin du processus de formation initiale, les frères doivent avoir une connaissance suffisante du monde dans sa réalité locale et universelle, et avoir acquis les outils nécessaires pour faire un discernement pastoral dans les différents environnements socioculturels, en prêtant attention à la dimension œcuménique et au dialogue interreligieux» (RF 124).

 

7 "La méthode intégrative exige que toutes les dimensions, avec leur force charismatique respective, soient présentes de manière initiatique et progressive dans les différentes étapes du processus de formation." (RF 61)

                                                               

* contenu et expérience - "les valeurs charismatiques sont transmises à travers les expériences et le contenu" (RF 180). Parce qu'elle est initiatique, notre formation doit savoir entremêler correctement les contenus qui doivent être solides et bien travaillés avec des expériences pratiques qui permettent l'assimilation réelle dans la vie de ce qui a été appris en théorie. "L'assimilation des aspects théoriques influencera la profondeur avec laquelle les expériences sont vécues, et de l'authenticité de celles-ci dépendra la réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés" (RF 177). Autrement dit, en pensant à la mission, à un moment donné on devrait enseigner au formando, par exemple, faire un plan pastoral capucin: quelles sont les techniques, ce qui doit être pris en compte, quels ascenseurs doivent être faits, quelle est la manière de les structurer… tous ces contenus doivent être développés et appris et expérimentés dans la pratique. De même pour tous les thèmes liés à notre mission: des plus simples comme l'écoute, les techniques de communication et de prédication, la gestion des conflits ... à la missiologie, l'œcuménisme, le dialogue interreligieux, l'organisation économique de la pastorale ... et ceci toujours avec des expériences fortes où vous pouvez pratiquer ce que vous avez étudié. Il ne suffit pas de penser que cela sera étudié dans les instituts philosophiques et théologiques, car même s'ils le font, ils n'ont ni notre regard ni nos objectifs. Tout au long de nos étapes de formation, les expériences pastorales qui seront proposées doivent être préparées et accompagnées d'études sérieuses de ce que nous voulons que nos formandi apprennent, développent et assimilent en vue des objectifs que nous avons pour cette dimension. Souvent, les expériences pastorales sont menées, sans formation aux formandi, elles sont envoyées comme des tireurs d'élite.

 

* Accompagné et évalué - Une autre insistance de la Ratio est que tout ce qui est fait dans les étapes de formation est accompagné de la fraternité formatrice et est sérieusement évalué pour réaliser ce qui est déjà assimilé et ce qui doit encore être insisté. Ceci aussi est un besoin urgent et indispensable dans la dimension missionnaire-pastorale. "Toutes les expériences pastorales doivent être accompagnées et évaluées." (RF 123) Nos formandi ne peuvent pas être abandonnés dans la pastorale, sans direction et sans quelqu'un avec qui ils peuvent dialoguer et s'orienter. Selon les objectifs de chaque étape, il est nécessaire de donner la bonne instruction théorique comme nous l'avons dit plus haut, mais aussi d'accompagner, montrer, faire l'expérience ensemble, laisser les initiatives pertinentes être prises, planifier les activités, les objectifs et les buts, et évaluer, parmi les formandi, avec la communauté et avec la fraternité, le développement de la mission et l'accueil de nouvelles indications. C'est ici que le missionnaire sera modelé avec les caractéristiques que nous avons présentées dans les paragraphes précédents. Ici, vous découvrez si vous avez déjà la capacité de dialogue, d'ouverture, de planification ensemble ... et vous pouvez également identifier et même surmonter des tendances telles que le protagonisme, l'activisme, le narcissisme pastoral ou apostolique, l'autosuffisance, l'individualisme, la compétitivité qui, selon la Ratio, ne devraient pas nous caractériser8.

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 8 "A partir des programmes de formation académique, nous devons insister sur la nécessité d'une méthodologie qui favorise la dynamique de groupe qui nous aide à penser ensemble, à surmonter la compétitivité, l'autosuffisance, le narcissisme intellectuel et à établir un dialogue interdisciplinaire entre les différentes connaissances." (RF 110); "La pastorale dans la fraternité est le meilleur antidote contre l'activisme et l'individualisme, et elle nous protège du narcissisme apostolique, des pathologies affectives ou de l'utilisation inappropriée de l'argent." (RF 121); "La mission est née d'une relation intime et affective avec le Maître, vécue en fraternité, et évite le rôle de premier plan ou le narcissisme pastoral." (RF Annexe 1.28, D).

 

* personnalisé - certes, les valeurs capucines doivent être assimilées par tout le monde, mais comme chaque forme est différente, le temps et le mode d'assimilation peuvent être différents. En fait, le processus d'initiation ne se déroule pas de manière massive, mais chacun doit être accompagné dans son processus de transformation. Cela se passe aussi par rapport à la mission: "les projets formatifs des différentes circonscriptions doivent privilégier la dimension pastorale à travers des itinéraires diversifiés qui tiennent compte des dons et charismes de chaque frère" (RF 123). Sans perdre de vue que cela ne signifie pas qu'en raison des dons personnels que l'on a, on va se passer de certaines valeurs capucines. Pour cette raison, les fraternités ainsi que les formateurs sont attentifs à aider chaque forme et à découvrir les dons personnels que Dieu leur a donnés pour servir le peuple, car "ils ne sont pas pour nous, mais pour les autres" (RF 62). Cela signifie que ces dons doivent être raffinés et purifiés dans le creuset de nos valeurs et la forme et doivent être ouverts à cela, car le don de Dieu utilisé sans critères mûris dans la foi peut ne pas être un service mais une forme déguisée d'égoïsme. Dans la formation, notamment avec l'accompagnement personnalisé, également dans la pastorale, les tendances au «narcissisme pastoral», à l'individualisme, à l'autosuffisance, à l'autoritarisme doivent être reconnues… pour que des remèdes appropriés puissent être donnés et ces frères peuvent être aidés dans leur conversion pastorale.

  

Indications pour chaque étape de la dimension missionnaire-pastorale

 

                            * Formation permanente

191. Dimension missionnaire-pastorale

- Évangéliser avec la vie et la parole du témoignage des relations fraternelles.

- Collaborer à l'action pastorale de l'Église, en répondant aux besoins les plus urgents.

- Prendre conscience de l'importance d'accompagner spirituellement les hommes et les femmes d'aujourd'hui.

 

                             * Etape vocationale

221. Dimension missionnaire-pastorale

- Si le candidat participe à une activité pastorale, maintenir sa collaboration; sinon, suggérer une tâche pastorale.

- Faire connaître, de manière générale, les services pastoraux et apostoliques que l'Ordre, la Province ou la Custodie accomplissent.

- Commencer à lire l'Évangile, en privilégiant les textes qui présentent plus clairement la pédagogie pastorale de Jésus en annonçant le Royaume de Dieu.

  

                            * Postulat

240. Dimension missionnaire-pastorale

- Consolider, par l'accompagnement, les critères de foi pour la vie.

- S'engager pour une première expérience de travail apostolique et de service aux pauvres.

- Grandir dans la sensibilité missionnaire et sociale, attentif à lire les signes des temps.

 

                            * Noviciat

264. Dimension missionnaire-pastorale

- Découvrir dans notre mission charismatique une manière de collaborer à la construction d'un monde plus évangélique et fraternel.

- Rencontrer des frères de la circonscription qui incarnent dans leur vie et dans leurs valeurs charismatiques la mission de Jésus.

- Mener des activités de service auprès des pauvres et des nécessiteux.

                            * Post noviciat

284. Dimension missionnaire-pastorale

- Apprendre à programmer et à évaluer les tâches pastorales en fraternité.

- Réaliser des expériences de mission dans des situations frontalières.

- Rechercher un équilibre entre action, vie spirituelle, fraternité et étude.

  

Ce sont des indications de base et générales qui doivent être enrichies avec les caractéristiques de chaque circonscription. Une croissance progressive de ces indications est perçue à partir d'une simple orientation pour aborder un ministère pastoral, en commençant à assumer une certaine activité de manière orientée, en découvrant l'empreinte de notre charisme dans une telle activité, en pouvant programmer et réaliser l'apostolat en fraternité. Cette progressivité doit aussi être encore plus claire et plus palpable dans l'itinéraire lui-même, lorsque les contenus à étudier et les expériences qui les accompagnent sont spécifiquement indiqués, en fonction des objectifs qui seront formulés. Nous devons offrir les moyens nécessaires pour réaliser ce que nous voulons.

Chaque formando doit croître dans la sensibilité missionnaire: découvrir qu'il existe un monde qui réclame notre action; comprendre que notre façon d'agir doit être marquée par notre charisme franciscain-capucin qui s'enrichit du don personnel de chaque frère sans perdre le lien de la fraternité; garder toujours la tension de vouloir être vers les frontières. Cette croissance doit être stimulée, et lorsqu'il est perçu que cela ne se produit pas, ou au contraire qu'elle diminue, il faut intervenir, évaluer et reprogrammer. Vous ne pouvez pas fermer les yeux lorsque vous percevez qu'une forme n'est pas vibrée par la mission ou ne se laisse pas former dans cette zone9.

C'est pourquoi il est très important que les indications qui nous font connaître la pédagogie de Jésus et sa prédilection, consolident ces critères de foi et de vie, découvrent dans l'histoire de la mission de l'ordre et de la circonscription elle-même comment ils se sont incarnés et sensibles au temps présent pour pouvoir désirer et faire des expériences fortes avec les lépreux d'aujourd'hui. Il faut que tout l'itinéraire soit bien pensé et réalisé, nous voulons qu'à la fin notre formando soit capable du don total de lui-même, car ce n'est pas naturel en nous, mais quelque chose de surnaturel d'un chemin de conversion et de dévouement. "L'objectif est d'accompagner le candidat afin que, sur la base de sa réalité concrète, avec les moyens de formation appropriés, il puisse vivre un véritable chemin de conversion en devenant disciple de Jésus" (RF 138).

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 9 "Accueillir avec respect et sans crainte de corriger et d'avertir, rejetant fermement les frères dont les motivations n'ont rien à voir avec l'esprit de l'Evangile." (RF 148)

10 «Nous reconnaissons la condition particulière de ces frères, communément appelés missionnaires, qui, quittant leur propre pays d'origine, sont envoyés pour exercer leur ministère dans différents contextes socioculturels, où l'Évangile n'est pas connu ou où des services peuvent être rendus aux Jeunes églises." (Const. 176.2)

 11 «De la même manière, nous reconnaissons l'engagement missionnaire particulier des frères envoyés dans des lieux où une nouvelle évangélisation est nécessaire car la vie de groupes entiers n'est plus éclairée par l'évangile et beaucoup de baptisés ont perdu, en tout ou en partie, le sens de foi." (Const. 176.3)

  

Formés et envoyés

 En paraphrasant l'indication du pape François «baptisés et envoyés», nous trouvons dans une circonscription l'indication «formés et envoyés» et c'est exactement ce que nous voulons. Si chaque Capucin est missionnaire, comme nous nous en sommes souvenus au début, alors au terme de la formation initiale ce frère doit être prêt pour la mission, pour être envoyé, au contraire, il n'est pas encore apte aux vœux perpétuels. "L'assimilation et la transformation sont le résultat final du processus" (RF 77).

Lorsque nous parlons de mission, nous devons la comprendre de deux manières: la mission "ad gentes", comme on le disait traditionnellement, qui impliquerait de quitter le territoire de votre circonscription ou de votre nation. Cette mission est très importante pour l'Église et pour l'Ordre, avec elle nous aidons à l'implantation de l'Église et de l'Ordre, ou du moins à l'implantation de l'Ordre, et c'est un signe de notre vivacité. Toutes les circonscriptions, même les plus petites ou celles où les vocations diminuent, doivent également envoyer un frère. Nous devons penser à certains critères, tels que, pour chaque 5 ou 10 professions perpétuelles, au moins un frère doit partir. Cela donne de l'animation à la circonscription. C'est pourquoi il est très important, tout au long du parcours initial, de toujours garder cet horizon à l'esprit, et à un moment donné, de proposer à tous les formandi une forte expérience de mission à l'étranger, afin que «l'inspiration divine» (RB XII, 1) puisse toucher les moins certains frères.

L'autre possibilité de mission est la nouvelle évangélisation. Nos Constitutions définissent également comme missionnaire l'ouvrier évangélisateur destiné aux personnes qui ont abandonné la foi ou quitté l'Église. Pour cette raison, nos couvents doivent tous être attentifs au développement d'un ministère, non seulement pour ceux qui y participent déjà, ce qui est certainement très important pour soutenir la foi, mais pour être des couvents à la sortie. Même les frères qui ne quitteront pas leur territoire pour la mission doivent également être missionnaires. Nous ne pouvons pas assister passivement au processus de sécularisation et de déchristianisation, nous devons être audacieux, fidèles et créatifs, pour faire la même chose que François et ses premiers frères. Pour cette raison, il est essentiel que notre formation parvienne à éveiller dans tous nos formandi le désir de mission et les instruments nécessaires pour l'accomplir.

"En tant que capucins, nous continuons d'être envoyés là où personne ne veut aller" (RF 72). Il est important de s'y préparer et de toujours le faire à partir de notre charisme. Non seulement dans les territoires de mission éloignés, mais aussi dans les périphéries existentielles qui peuvent être très proches de nos couvents. Il y a beaucoup de "lieux" où personne ne veut aller, et malheureusement tant de lieux occupés par nous où tant de gens voulaient être. Ne plaidons pas pour être là où les autres veulent, ce n'est pas notre vocation.

La mise en œuvre de la Ratio conduira certainement notre Ordre à un renouveau important notamment dans l'expérience de notre charisme, également en relation avec la mission. N'ayons pas peur d'être "prudemment audacieux", nous sommes un Ordre qui a l'esprit d'être une réforme et c'est "une attitude qui fait partie de notre identité charismatique" (RF 73). Peut-être que dans quelque chose nous pouvons même faire des erreurs et que nous devrons évaluer et repenser, nous devons "prendre les risques liés à la marche vers un avenir non écrit" (RF 73).

Certes, les nouvelles générations initiées dans cette volonté d'être authentiquement capucins contribueront «à renouveler l'enthousiasme de notre Ordre pour le Royaume de Dieu et la vivacité qui nous a toujours caractérisés au cours des siècles»12. Mais, aussi pour les frères qui sont dans notre formation continue, la nouvelle Ratio nous donne une occasion unique d'apprendre avec les disciples d'Emmaüs à "toujours recommencer" et maintenant avec beaucoup plus de raisons, et "à ne jamais mettre fin à notre formation» (RF 182).

                                         Fr Mariosvaldo Florentino, ofmcap





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12 R. Genuin, Remerciez le Seigneur, 29.

  La Mission  dans la  Ratio Formationis des Capucins   Ce texte veut aider à la mise en œuvre de la Ratio Formationis et c’est une lec...