La Mission
dans la Ratio Formationis des Capucins
Ce texte veut aider à la mise en œuvre de
la Ratio Formationis et c’est une
lecture intentionnelle de l'ensemble du document aux yeux de la mission,
c'est-à-dire une recherche de toutes les indications qui sont liées de quelque
manière que ce soit à cet aspect très important de notre charisme. Avec lui,
nous voulons offrir à ceux qui vont travailler à l'adaptation des itinéraires
formatifs des circonscriptions un réveil pour que l'aspect missionnaire ait
l'espace et la force qui lui correspondent. D'autre part, il veut offrir à tous
les frères une lecture de la formation continue qui stimule l'esprit
missionnaire avec quelques explications sur ce que l'Ordre comprend pour la
mission capucine.
Un ordre missionnaire
La Ratio
nous dit: "la dimension missionnaire
est au cœur de notre projet: être Capucin, c'est vouloir aller là où personne
ne veut aller ..." (RF 41). Comprenons cela.
Dès le début, alors qu'il n'y avait que
huit frères, François d’Assise comprenait déjà que deux par deux ils devaient
partir en mission dans les quatre directions. Les premiers frères voulaient, où
ils passaient, par l'exemple et la parole, secouer les cœurs paralysés ou
maladroits à travers une rencontre renouvelée avec le Christ pauvre et
crucifié. Ils ont simplement invité tout le monde à la conversion (pénitence).
Ensuite, François a voulu que les frères traversent les Alpes et plus tard qu’ils
aillent parmi les Sarrasins. En fait, «François
retrouve le modèle apostolique (itinérance, prédication et fraternité)» (RF
36).
Les Capucins ont aussi dès le début
trouvé dans une vie très contemplative la poussée au service des plus
nécessiteux, des pauvres et des tourmentés1, et quand l'Église en
avait besoin dans les missions, sans crainte, ils se lançaient là où d'autres
ne voulaient pas aller. Nous avons constaté que dès le début de notre réforme,
il y avait un désir de mission, et cela a été cultivé parmi les frères. Déjà
les Constitutions de Santa Eufemia
(1536), dans le numéro 143 insistent: "Les
ministres ne prennent pas en considération le petit nombre des frères, ni ne regrettent
le départ des bons en mission ...". En fait, nous avons été de grands
collaborateurs de Propaganda Fidei,
et son premier martyr est précisément notre bien-aimé Saint Fidel de
Sigmaringa. Nous étions présents lors de l'implantation de l'Église dans de
nombreuses régions difficiles de la planète.
Nos Constitutions actuelles définissent
que nous sommes un Ordre missionnaire et tous les frères doivent en quelque
sorte vivre ce charisme: «dans notre
Fraternité Apostolique, nous sommes tous appelés à porter le joyeux message de
salut à ceux qui ne croient pas au Christ dans aucun continent ou région où se
rencontrent; c'est pourquoi nous nous considérons tous comme des
missionnaires.» (Const.176.1). C'est cela, qui rend si nécessaire que tout
au long du processus d'initiation à notre vie nos candidats soient aidés à
embrasser passionnément cet idéal, car: «la
mission occupe une place centrale dans l'histoire de l'Ordre. Toutes les étapes
de la formation doivent être à leur horizon» (RF 122). Notre formation doit
nous former à la mission.
La Ratio
nous rappelle également une devise qui a motivé tant de générations de frères
et porté de si bons fruits: «être
capucin, missionnaire et saint» (RF 101). Bien que les temps aient changé,
cette proposition se poursuit plus que jamais et doit être assumée par tous
ceux qui veulent embrasser cette vie.
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1 "La réforme des Capucins
est née avec le profond désir de retourner dans les ermitages et dans les
endroits reculés qui favorisent la rencontre avec Jésus pauvre et crucifié, où
le silence se transforme en service et confort pour les tourmentés et la
contemplation devient compassion" (RF 69 ).
Notre mission doit être capucine
«Incarner et renforcer les valeurs de notre identité charismatique» est le titre
de la lettre de promulgation de la Ratio
Formationis, et il résume certainement très bien l'esprit qui anime
l'ensemble du document. Sans aucun doute, l'idéal ultime est la suite du Christ
de son évangile, mais, à cela, tous les chrétiens sont appelés. Notre suite du
Christ devient spécifique lorsque nous le faisons à la manière de François
d'Assise, et elle devient encore plus particulière lorsque nous l'assumons dans
le style capucin. Comprendre cette spécificité, comme notre richesse charismatique,
est ce qui peut nous aider à être plus authentiques et avec une contribution
précieuse et unique à l'Église. Cela ne signifie certainement pas que nous
sommes meilleurs ou pires que les autres, mais que nous avons quelque chose qui
nous appartient. Et sur cela, nous devons insister, nous voulons continuer à
être significatifs.
Si cela est valable pour tous les aspects
du suivi (relations, pauvreté, prière, compassion ...) comme la Ratio nous l'indique très clairement,
c'est également vrai pour la mission. Nous devons «annoncer l'Évangile avec la force de notre charisme» (RF Proemio). Notre mission doit être
marquée par notre être capucin, c'est-à-dire que si notre mission est vécue de
la même manière que toute autre dans l'Église (comme un prêtre diocésain, ou un
laïc consacré ou un membre de toute autre congrégation), quelque chose ne
marche pas, même si nous faisons beaucoup. Dieu et l'Église espèrent que notre
évangélisation soit marquée et enrichie du charisme que le Seigneur nous a
confié et dont l'Église est devenue la garde (cf. RF 59). Il est donc essentiel
"de découvrir dans notre mission
charismatique un moyen de collaborer à la construction d'un monde plus
évangélique et fraternel" (RF 264).
Nous proposons ici les quatre éléments
fondamentaux de notre charisme: la fraternité, la minorité, la contemplation et
le service aux pauvres, en cherchant toujours à réfléchir sur eux la mission.
Comme nous le savons, ils sont mutuellement impliqués, clarifiés et soutenus.
Le charisme est l'amalgame des quatre, et si l'un d'eux manque ou s'il est vécu
de manière insuffisante, c'est l'être capucin qui se dégrade, s'estompe et
cesse d'être attractif.
* La fraternité
La Ratio insiste fortement sur la primauté de la fraternité dans notre vie charismatique et cela a un impact profond sur notre façon d'évangéliser. Gardons à l'esprit certaines de ses affirmations importantes: «Vivre en frères est le miroir des valeurs du Royaume, sa plus belle annonce, la manière la plus authentique de partager le désir de Dieu» (RF 20); "Le témoignage de notre vie fraternelle est sans aucun doute le moyen le plus crédible de l'annoncer" (RF 41); "La vie fraternelle est le premier service d'évangélisation" (RF 72); «Vivre en frères mineurs l'un pour l'autre est l'élément essentiel de la vocation franciscaine, qui devient à son tour le premier élément de l'évangélisation» (RF 115); «Vivre en vrais frères au milieu du monde est la manière la plus fidèle et la plus belle d'annoncer Jésus et son Évangile» (RF 120). Par conséquent, être fraternel en plus d'être notre première manière d'évangéliser, est également la condition pour le faire, c'est-à-dire que les frères sont toujours envoyés par la fraternité. Dans la mesure du possible, nous effectuons notre apostolat avec d'autres frères parce que "les expériences pastorales, accompagnées et menées avec d'autres frères, doivent être l'expression de toute la fraternité, évitant l'individualisme" (RF An 1,28). Mais lorsque cela n'est pas possible, le frère ne peut pas perdre le lien avec la fraternité. La mission n'est pas la sienne, mais de la fraternité, qui peut lui confier l'exécution concrète, mais toujours en son nom.
Cela signifie que lorsqu'un candidat nous
cherche, peut-être avec tant de rêves évangélisateurs et tant de projets de
mission, il doit être clair de la pastorale des vocations que notre façon de le
faire est dans la fraternité. Notre Ordre ne veut pas être une école pour les
missionnaires individuels, même s'ils ont beaucoup de valeurs et de dons et
peuvent faire tellement de bien à l'Église. Les vocations excellentes pour la
pastorale et qui ne veulent pas comprendre et assumer la valeur de la
fraternité ne nous servent pas. N'oublions pas que pour nous "la fraternité est le premier lieu de
notre dévouement" (RF 62). Elle est primordiale dans notre vie et cela
doit être clair dès le début. Sans aucun doute, être fraternel s'apprend, se
purifie et se perfectionne tout au long du processus, mais il est important que
le candidat fasse preuve de capacité et d'intérêt pour lui.2 Par
conséquent, "la capacité
relationnelle, l'ouverture mentale, la tolérance et la flexibilité sont des
éléments essentiels de la personnalité de celui qui choisit la vie
fraternelle" (RF 104).
Pour être d'authentiques missionnaires
capucins, nous devons d'abord apprendre de Jésus-Christ à être fraternel, car "il a été révélé à François que les
frères sont essentiels pour vivre comme Jésus" (RF 35). Il faut être
déterminé à accueillir, aimer et servir les frères que Dieu me donne comme
compagnons de route. C'est vivre avec eux, peu importe leur différence (d'âge,
de pensée, de culture, de cadeaux et de vices), l'expérience de partager la vie
concrète de chaque jour, avec la sensibilité de percevoir leurs besoins et la
décision de les servir en tant que mère.
(RgB 6,8), avec un dialogue sincère et profond qui nous expose dans nos
différences, mais épicé de pardon et de compréhension, que nous pourrons être
des missionnaires capucins, car ce que l'Ordre attend de chaque frère, c'est
qu'il sait «évangéliser avec la vie et la
parole du témoignage des relations fraternelles »(RF 191).
* La Minorité
L'autre grand représentant de notre façon d'être est la Minorité. François voulait que nous soyons un ordre de frères mineurs. La minorité, par conséquent, qualifie la fraternité et purifie les relations parce qu'elle "configure nos façons de désirer, démasquant la tentation d'être et de faire de grandes choses" (RF 67). Lorsque nous comprenons cette valeur et l'assumons, renonçant volontairement à tout et à toute prétention d'être au-dessus des autres frères ou d'avoir des conditions spéciales pour une raison quelconque, mais nous cherchons à être au-dessous, à servir avec joie, comme l'Évangile le demande, alors tout cela devient plus simple et plus facile dans la fraternité, parce que la minorité transforme en douceur ce qui aux yeux du monde est amertume. En fait, pour nous, franciscains, il y a «incompatibilité entre fraternité et pouvoir. Celui qui veut être frère mineur doit servir et renoncer à toutes sortes de domination sur l'autrea» (RF 24).
De même, notre mission doit être marquée
par une minorité. Nos "activités
pastorales doivent être en accord avec notre vocation de mineurs, nous
apprenant à vouloir aller là où personne ne veut aller" (RF An 1,28).
Le frère mineur doit aussi être mineur vis-à-vis des personnes qu'il va servir
dans l'apostolat, ne pas se cacher dans des titres ou des commissions et ne
même pas différencier qui il est: pécheur ou saint, malade ou sain, pauvre ou
riche, ignorant ou intellectuel, athée ou croyant ... bien qu'il préfère ceux
qui sont les plus abandonnés3. La minorité, lorsqu'elle est assumée
dans le travail pastoral, fait que le frère vit vraiment l'idéal de service,
car il y en a beaucoup qui ont le titre de serviteurs, mais ils demandent à
être servis en tout. En fait, «un frère
mineur se distingue par sa proximité et sa solidarité avec les pauvres; pour
leur appréciation et leur respect des diverses cultures, langues et religions;
pour leur engagement en faveur de la justice sociale, de la construction de la
paix et de la protection écologique de la planète»(RF 124).
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2 « Les points suivants doivent
être pris en compte d'une manière particulière: a) que les candidats sont, en
raison de leur caractère, aptes à la coexistence fraternelle de notre vie
évangélique» Const. 18,3
3 "La fraternité et la
minorité sont nos maîtres mots: être frères de tous sans exclure personne,
accueillir préférentiellement les" mineurs "de notre société" (RF 64).
Le Ratio
nous rappelle que chez les Capucins cette minorité est devenue très visible
dans «la sobriété avec la recherche de
l'essentiel» (RF 67). Cela doit également être présent dans notre idéal de
mission. Le missionnaire capucin ne doit pas être celui qui pense que pour
aller à la mission il faut une provision de beaucoup d'argent, pour pouvoir
rester bien et construire de grandes structures: imposants couvents ou
colossales œuvres sociales. La minorité authentique est profondément liée à la
pauvreté, à la confiance dans la providence et à l'engagement d'une vie sobre.
La sécurité économique, aussi dans le ministère pastoral et dans la mission,
continue d'être la grande tentation, que François et la réforme capucine ont
fermement rejetée. Nous avons déjà dit plus haut que la tentation de faire de grandes choses nous éloigne de la
minorité.
* La contemplation
L'autre grande caractéristique charismatique de notre Ordre est la vie contemplative. Elle est à l'origine de notre désir de rencontrer l'autre, surtout ceux qui souffrent ou sont loin du Christ. "De cette intimité naît le désir de la mission: construire ensemble le Royaume des Cieux" (RF 118). Car nous savons que "le silence devient service ... et la contemplation devient compassion" (RF 69). Pour cette raison, nos formandi et tous les frères doivent être stimulés, aidés et formés pour assumer la vie contemplative franciscaine-capucine, c'est-à-dire aimer particulièrement la contemplation «dans la fraternité du Christ, pauvre et nu, qui s'identifie aux pauvres et à ceux qui souffrent» (RF 97), si nous voulons qu'il naisse en nous, se consolide et soit preservé le désir de la mission à la manière capucine. Nous avons déjà été avertis: «d'une vie de prière médiocre, rien ne peut naître mais un service médiocre et fragile qui recule devant le premier obstacle qui se trouve sur la route» (Johri Reav 16).
Cela signifie que non seulement dans les
maisons de formation, mais dans toutes nos fraternités, les temps et les modes
de prière et de contemplation doivent être jalousement promus et préservés. Si
le missionnaire capucin perd son esprit de prière contemplatif, la mission lui
en voudra, car la contemplation est «l'espace
inaliénable dans lequel nos yeux sont chargés de miséricorde» (RF 38). Nous
ne pouvons absolument pas nous permettre de penser qu'une fraternité hautement
apostolique peut réduire ou éteindre les temps de prière, de méditation et de
contemplation à cause des nombreuses œuvres pastorales, car cela amènera cette
fraternité à la ruine. "Sans
contemplation, il n'y a pas de fraternité" (RF 70).
De plus, dans notre mission, nous sommes
invités à partager avec les autres fidèles cette richesse de notre charisme,
comme le demandent nos Constitutions: «efforçons-nous
donc avec diligence d'apprendre l'art de la prière et de le transmettre aux
autres» (Const. 55.6 ). Nous devons donc être des enseignants de prière
dans notre pastorale, introduire notre peuple non seulement dans les prières
traditionnelles mais aussi dans la contemplation. Cela transformera
certainement les gens parce que: «ceux
qui se laissent toucher par le silence se rapportent plus profondément au
monde, s'ouvrent à la paix et vivent de manière plus authentique» (RF 2).
Pour que cela se produise, il est absolument nécessaire qu'en formation nos
candidats apprennent, pratiquent, aiment, intériorisent et assument comme une
valeur quotidienne, non seulement importante mais absolument nécessaire, car à
la fin de l'initiation à notre vie ils doivent être des enseignants de prière,
surtout contemplatifs .
* Liés aux pauvres et aux souffrants
Notre fraternité capucine n'est pas autosuffisante, ne peut pas vivre dans l'autoréférentialité, ne peut pas se consommer uniquement dans ses activités internes, c'est-à-dire qu'une partie importante de notre force, énergie, intelligence, créativité et ressources doit être dépensée pour la mission. Et cela vaut pour toutes nos fraternités, car "une fraternité mineure et contemplative devient sensible aux besoins et aux souffrances des autres et s'ouvre à la recherche de nouvelles voies de justice, de paix et de soin pour la création" (RF 71). Si cela ne se produit pas, la fraternité suffoque. Notre être fraternel, mineur et contemplatif, s'il est authentique, nous ouvre à l'apostolat, nous fait écouter le besoin et y répond: nous voici, Seigneur, envoie-nous!4
Cependant, il est très important de
souligner quelque chose sur laquelle la Ratio
a insisté: nous avons besoin des lépreux, des pauvres, de ceux qui souffrent
avant tout non pas pour les servir mais pour apprendre. Avant d'être leurs
serviteurs, nous devons être en relation avec eux, afin qu'ils nous aident à
être ce que nous voulons être. Nous devons inverser notre conception: ils ne
sont pas seulement les destinataires de notre miséricorde, au contraire, ils
sont avant tout des agents de notre transformation. "Grâce aux lépreux, François commence à se connaître et éprouve un
sentiment de gratitude" (RF 23). "Au
milieu des lépreux, loin de toute fausse sécurité, une véritable sécurité
intérieure naît" (RF 24). Pour cette raison, la même chose qui s'est produite
avec François doit se produire dans notre processus de formation, nous devons
être en contact avec les pauvres à toutes les étapes de la formation. Nous
devons prendre conscience que «les
pauvres sont nos enseignants» (RF 111; 174; annexe 2.19). Pour cela, il est
essentiel de prévoir dans la formation des expériences non seulement de
solidarité avec eux réalisées à partir de nos titres, mais des moments forts et
longs de rencontre et de coexistence, qui peuvent nous donner la possibilité de
voir le monde avec leurs yeux. «Les
pauvres deviennent nos véritables formateurs lorsque nous risquons de
comprendre la réalité de leur point de vue et de faire nôtres leurs priorités.
Les fruits n'attendent pas: le regard se concentre sur l'essentiel; nous vivons
mieux avec moins; la confiance et l'abandon à la providence entre les mains du
Père font des options réelles et concrètes pour la vie» (RF 176). Ces
expériences sont essentielles dans la formation initiale, mais elles feraient
également un énorme bien dans la formation continue. Certes, il sera également
très important de savoir comment travailler la réalité familiale de nombreux
formandi précisément afin qu'ils ne perdent pas ou ne renient pas leurs
racines, ce qui doit être une contribution à la fraternité.
Ce n'est qu'après avoir reçu et assimilé
la contribution que les pauvres doivent nous apporter que nous devenons
capables d'avoir une compassion authentique, respectueuse et opérationnelle
pour ceux qui souffrent. En effet, «notre
formation, à travers un processus d'accompagnement personnalisé, offre les
instruments nécessaires pour faire de nous des hommes libres, émotionnellement
matures et compatissants» (RF 76). Ainsi, toutes nos missions seront
marquées par une grande sensibilité envers ceux qui souffrent. Nous ne pouvons
pas être dans le monde, ne recherchant qu'une vie confortable, entourés
uniquement de personnes aisées, exigeant que tous les besoins minimaux soient
satisfaits, et parfois même plus que ce qui est vraiment nécessaire. "François lui-même, amoureux des
paroles de Jésus, met en garde ses frères contre la tentation de revêtir la vie
nue et simple du Maître, et nous invite à vivre évangéliquement et sine
glossa" (RF 19). Si nous sommes
de vrais capucins, nous ne pouvons pas être indifférents aux frères qui
souffrent dans notre apostolat, ils seront toujours des destinataires
privilégiés de notre action pastorale. "La
conversion consiste précisément à changer notre regard, en passant de
l'indifférence à la compassion" (RF 31).
4 "J'ai entendu la voix du Seigneur:" Qui enverrai-je et qui ira
pour nous? " J'ai répondu: "Me voici: envoyez-moi!" Est 6,8.
D’autres caractéristiques du missionnaire capucin
Il suffirait certainement de dire que le missionnaire capucin doit être fraternel, mineur, contemplatif et apostolique. Si cela est vrai, nous voulons nous référer à d'autres caractéristiques que nous trouvons dans la Ratio et que, bien qu'elles puissent être implicitement liées aux quatre ci-dessus, il peut être important de les rendre explicites.
* itinérant - "le modèle
de vie itinérante nous concentre sur le fondamental" (RF 8). Le
missionnaire capucin vit intensément là où l'obéissance le place, cherchant à y
être un don total, mais il est toujours prêt à partir. Elle ne s'approprie
rien, ni la mission. «La centralité du
Christ dans nos vies nous aide à comprendre la mission à partir de sa dimension
itinérante» (RF 113). Il ne nous appartient pas de ne pas vouloir partir où
que ce soit, ni de souffrir car une partie de notre présence doit être
délivrée.
* capable de rencontre - «Justement,
l'Évangile - le livre qui raconte les rencontres de Jésus, la plupart avec les
pauvres, les malades et les exclus - nous propose, comme centre de vie, la
capacité de rencontre» (RF 18). Le missionnaire capucin ne peut pas être un
homme renfermé sur lui-même ou qui fuit les gens, encore moins se cacher de
ceux qui en ont besoin. Au contraire, il favorise la rencontre: non seulement
il se laisse retrouver, mais il va aussi chercher ce qui est perdu.
* experts en communion - "la force
charismatique de notre vocation capucine, engagée dans la mission de l'Église,
fait de nous des experts en communion grâce au témoignage des relations" (RF
121). Alors que nous sommes formés pour savoir accueillir les différents,
écouter, dialoguer avec humilité, trouver le bien dans l'autre, respecter les
particularités… cela fait de nous des experts dans la génération de la
communion. Chaque Capucin doit être compétent dans la médiation des conflits,
capable de dialoguer et de travailler avec d'autres églises ou d'autres
religions, impliquant des non-croyants, ou des athées, ou des scientifiques, ou
des politiciens, ou des dirigeants sociaux, dans des initiatives de bien commun
... sans crainte de tirer le meilleur parti de chacun. "Il est caractéristique de notre mission la création d'espaces
d'écoute et de dialogue entre foi et raison, entre croyants et non-croyants,
entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes
religions" (RF 125).
* fidèle et créatif - "la
fidélité et la créativité sont les clés pour suivre de plus près et aimer Jésus
plus intensément" (RF 57). Dans un monde en mutation, à la rencontre
de cultures diverses, face à des situations complètement nouvelles, il est
essentiel que le missionnaire ne soit pas un simple répétiteur du passé, mais
que, tout en ayant des valeurs claires, il recherche de manière créative de
nouvelles façons appropriées de les proposer et de les actualiser. La réforme
des Capucins a fait "recréer dans
les nouveaux contextes culturels ses (de François) véritables intuitions"
(RF 57), et c'est ce que nous devons continuer à faire aujourd'hui. "Nous sommes appelés à une fidélité
créative: trouver, dans différentes cultures, comment témoigner de
l'Évangile" (RF 135).
* propositif - "l'Évangile
ne s'impose pas, il propose et prend comme point de départ la reconnaissance de
la vérité qui vit dans l'autre" (RF 41). Notre charisme nous conduit à
une évangélisation respectueuse. Bien que le missionnaire soit très convaincu
de ses valeurs, d'abord il leur présente sa vie, puis il cherche à reconnaître
le bien qui existe déjà là où il est, et de là avec simplicité et humilité que
Jésus-Christ propose.
* gratuit - "La
gratuité est au cœur du franciscain" (RF 62). Le missionnaire capucin
est un homme qui a compris qu'il devait donner gratuitement ce qu'il avait déjà
reçu et continue de recevoir6. Vous ne pouvez pas brasser des
arrière-pensées dans ce que vous faites. Beaucoup moins vivant en attendant une
compensation pour son travail pastoral. Notre réforme capucine a été très
insistante à ce sujet. Certes, il est important de trouver des moyens de se
maintenir, mais sans oublier la providence et sans perdre la gratuité.
* capable de travailler ensemble - «nous
sommes envoyés par la fraternité, et notre mission n'a de sens que si nous nous
maintenons en communion fraternelle et avec l'Église. La pastorale en
fraternité est le meilleur antidote contre l'activisme et l'individualisme et
nous protège du narcissisme apostolique» (RF 121). Il est très important
que le missionnaire sache travailler ensemble et ait surmonté la tentation de
croire qu'il est le seul sauveur. Formé à la vie fraternelle, il doit aussi
vivre cela avec les dirigeants des communautés qu'il est appelé à servir, en
développant toujours plus la ministérialité des laïcs, et en travaillant toujours
avec les conseils (pastoraux et économiques) et les commissions. Dans la
mission également, l'idée du frère qui fait tout seul doit être surmontée.
* indifférent au "succès" pastoral - "la fraternité et la mission sont notre
raison d'être, et ce n'est pas l'efficacité pastorale mais la qualité de nos
relations qui nous définit charismatiquement et fait de nous des témoins
authentiques de l'Évangile" (RF 115) . Les plans ou les structures
pastorales ne sont donc pas au-dessus des gens. Il faut être conscient de la
tentation d'avoir les dernières technologies sous prétexte de "mieux
servir" quand ces choses nous éloignent du charisme. L'authentique
missionnaire capucin cherche dans sa mission pastorale à servir les frères avec
humilité sans s'intéresser au «succès», c'est-à-dire sans se soucier d'être
célèbre ou reconnu. Héritiers de Saint François, nous savons que «la vraie joie ne réside pas dans le succès»
(RF 51), mais dans l'identification avec le Christ, en particulier avec le
Christ pauvre et crucifié. Il ne sert à rien d'être super efficace et de faire
des choses incroyables, si dans le premier examen nous perdons notre paix.
6 Deux fois le Ratio cite Mt 10.8 "Vous
l'avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement." RF 62; 71.
Comment imprégner notre formation de telles caractéristiques
Dans la Ratio, nous trouvons des indications
générales, c'est-à-dire qui aident à assimiler toutes les valeurs de notre vie.
Cependant, nous voulons les voir ici en référence au thème de la mission.
* initiation - il y a de nombreuses fois que la Ratio insiste sur le fait que notre
formation doit être formulée de manière initiatique et aux numéros 137, 138,
139, 140 et 141, elle essaie d'expliquer brièvement ce que cela signifie. Par
rapport à la mission, cette initiation signifie concrètement faire du candidat
qui nous cherche devenir missionnaire capucin. Commencer dans la mission
capucine, c'est plus qu'étudier une partie du contenu pastoral et participer à
certaines activités avec les gens. Il faut qu'à travers un programme complet
élaboré à partir de notre charisme missionnaire, qui tienne compte de la
réalité personnelle de chacun (dons et limitations), le fasse assumer à la
première personne, théoriquement et expérientiellement, tout ce qui est
vraiment important être un missionnaire capucin. Et à la fin de cet itinéraire,
démontrez que vous avez assimilé nos valeurs et développé un véritable désir de
vous donner dans la mission dont l'Ordre a besoin.
* toujours présent - pour que notre
formation soit globale, la Ratio
indique que les 5 dimensions (charismatique, humaine, spirituelle,
intellectuelle et missionnaire-pastorale) doivent être présentes à toutes les
étapes de la formation7. Cela signifie que bien que dans un stade
l'accent puisse être plus fort dans l'un d'eux, en aucun cas les autres peuvent
être absents ou oubliés. "Toutes les
étapes doivent avoir (la mission) à l'horizon" (RF 122). Même le
noviciat, que beaucoup pensaient être un an sans pastorale, doit trouver le
moyen approprié d'intégrer cette dimension, sans cesser d'insister un peu plus
sur d'autres. Pour cette raison, la Ratio
indique des propositions concrètes pour chacune des étapes.
* continu et cohérent - "un chemin d'initiation, continu et
cohérent, doit nous aider à incarner nos valeurs charismatiques" (RF
122). Outre la nécessité que la dimension missionnaire-pastorale soit présente
dans toutes les étapes, il est également essentiel qu'il y ait continuité dans
cette formation, même si les expériences sont différentes à chaque étape, elles
doivent répondre à un plan qui les concatène de manière cohérente. Il ne suffit
pas, d'avoir un programme pour chaque étape, il est important qu'ils soient
cohérents entre eux, et qu'ils répondent à l'objectif général de la formation.
* progressif - un autre aspect sur lequel la Ratio insiste beaucoup est que devant
l'objectif final que nous avons - un frère qui est fraternel, mineur,
contemplatif et non seulement disponible mais dynamique avec la mission, sans
mesurer les difficultés ni imposer des exigences - nous devons établir des
objectifs pour chacune des étapes, mais elles sont enchaînées de manière
progressive. Il faut dépasser l'idée que la dimension pastorale ou missionnaire
de chaque étape est quelque chose de spontané et de simple adaptation ou la
situation du lieu où l'on se trouve ou la sensibilité du formateur de service.
Encore moins, que c'est un moyen simple d'occuper les week-ends de ceux qui
s'entraînent avec des activités extérieures. De cette façon, bien qu'il y ait
toujours des activités pastorales pendant toutes les années, il n'y aura pas de
véritable formation pour la mission comme indiqué ci-dessus. La dimension
missionnaire-pastorale doit être planifiée et orientée selon un itinéraire de
croissance. À chaque étape, ou chaque année, il est nécessaire d'être clair sur
les objectifs que vous souhaitez atteindre, sachant qu'à l'étape suivante, vous
devrez aller plus loin, jusqu'à atteindre l'objectif final. Car «à la fin du processus de formation
initiale, les frères doivent avoir une connaissance suffisante du monde dans sa
réalité locale et universelle, et avoir acquis les outils nécessaires pour
faire un discernement pastoral dans les différents environnements
socioculturels, en prêtant attention à la dimension œcuménique et au dialogue
interreligieux» (RF 124).
7 "La
méthode intégrative exige que toutes les dimensions, avec leur force
charismatique respective, soient présentes de manière initiatique et
progressive dans les différentes étapes du processus de formation." (RF
61)
* contenu et expérience - "les valeurs charismatiques sont
transmises à travers les expériences et le contenu" (RF 180). Parce
qu'elle est initiatique, notre formation doit savoir entremêler correctement
les contenus qui doivent être solides et bien travaillés avec des expériences
pratiques qui permettent l'assimilation réelle dans la vie de ce qui a été
appris en théorie. "L'assimilation
des aspects théoriques influencera la profondeur avec laquelle les expériences
sont vécues, et de l'authenticité de celles-ci dépendra la réalisation des
objectifs que nous nous sommes fixés" (RF 177). Autrement dit, en
pensant à la mission, à un moment donné on devrait enseigner au formando, par exemple, faire un plan
pastoral capucin: quelles sont les techniques, ce qui doit être pris en compte,
quels ascenseurs doivent être faits, quelle est la manière de les structurer…
tous ces contenus doivent être développés et appris et expérimentés dans la
pratique. De même pour tous les thèmes liés à notre mission: des plus simples
comme l'écoute, les techniques de communication et de prédication, la gestion
des conflits ... à la missiologie, l'œcuménisme, le dialogue interreligieux,
l'organisation économique de la pastorale ... et ceci toujours avec des expériences
fortes où vous pouvez pratiquer ce que vous avez étudié. Il ne suffit pas de
penser que cela sera étudié dans les instituts philosophiques et théologiques,
car même s'ils le font, ils n'ont ni notre regard ni nos objectifs. Tout au
long de nos étapes de formation, les expériences pastorales qui seront
proposées doivent être préparées et accompagnées d'études sérieuses de ce que
nous voulons que nos formandi
apprennent, développent et assimilent en vue des objectifs que nous avons pour
cette dimension. Souvent, les expériences pastorales sont menées, sans
formation aux formandi, elles sont envoyées comme des tireurs d'élite.
* Accompagné et évalué - Une autre
insistance de la Ratio est que tout
ce qui est fait dans les étapes de formation est accompagné de la fraternité
formatrice et est sérieusement évalué pour réaliser ce qui est déjà assimilé et
ce qui doit encore être insisté. Ceci aussi est un besoin urgent et
indispensable dans la dimension missionnaire-pastorale. "Toutes les expériences pastorales doivent être accompagnées et
évaluées." (RF 123) Nos formandi
ne peuvent pas être abandonnés dans la pastorale, sans direction et sans
quelqu'un avec qui ils peuvent dialoguer et s'orienter. Selon les objectifs de
chaque étape, il est nécessaire de donner la bonne instruction théorique comme
nous l'avons dit plus haut, mais aussi d'accompagner, montrer, faire
l'expérience ensemble, laisser les initiatives pertinentes être prises,
planifier les activités, les objectifs et les buts, et évaluer, parmi les formandi, avec la communauté et avec la
fraternité, le développement de la mission et l'accueil de nouvelles
indications. C'est ici que le missionnaire sera modelé avec les
caractéristiques que nous avons présentées dans les paragraphes précédents.
Ici, vous découvrez si vous avez déjà la capacité de dialogue, d'ouverture, de
planification ensemble ... et vous pouvez également identifier et même surmonter
des tendances telles que le protagonisme, l'activisme, le narcissisme pastoral
ou apostolique, l'autosuffisance, l'individualisme, la compétitivité qui, selon
la Ratio, ne devraient pas nous
caractériser8.
* personnalisé - certes, les valeurs capucines doivent
être assimilées par tout le monde, mais comme chaque forme est différente, le
temps et le mode d'assimilation peuvent être différents. En fait, le processus
d'initiation ne se déroule pas de manière massive, mais chacun doit être
accompagné dans son processus de transformation. Cela se passe aussi par
rapport à la mission: "les projets
formatifs des différentes circonscriptions doivent privilégier la dimension
pastorale à travers des itinéraires diversifiés qui tiennent compte des dons et
charismes de chaque frère" (RF 123). Sans perdre de vue que cela ne
signifie pas qu'en raison des dons personnels que l'on a, on va se passer de
certaines valeurs capucines. Pour cette raison, les fraternités ainsi que les
formateurs sont attentifs à aider chaque forme et à découvrir les dons
personnels que Dieu leur a donnés pour servir le peuple, car "ils ne sont pas pour nous, mais pour les
autres" (RF 62). Cela signifie que ces dons doivent être raffinés et
purifiés dans le creuset de nos valeurs et la forme et doivent être ouverts à
cela, car le don de Dieu utilisé sans critères mûris dans la foi peut ne pas
être un service mais une forme déguisée d'égoïsme. Dans la formation, notamment
avec l'accompagnement personnalisé, également dans la pastorale, les tendances
au «narcissisme pastoral», à l'individualisme, à l'autosuffisance, à
l'autoritarisme doivent être reconnues… pour que des remèdes appropriés
puissent être donnés et ces frères peuvent être aidés dans leur conversion pastorale.
Indications pour chaque étape de la dimension
missionnaire-pastorale
* Formation permanente
191. Dimension
missionnaire-pastorale
- Évangéliser avec la
vie et la parole du témoignage des relations fraternelles.
- Collaborer à
l'action pastorale de l'Église, en répondant aux besoins les plus urgents.
- Prendre conscience
de l'importance d'accompagner spirituellement les hommes et les femmes d'aujourd'hui.
* Etape vocationale
221. Dimension
missionnaire-pastorale
- Si le candidat
participe à une activité pastorale, maintenir sa collaboration; sinon, suggérer
une tâche pastorale.
- Faire connaître, de
manière générale, les services pastoraux et apostoliques que l'Ordre, la
Province ou la Custodie accomplissent.
- Commencer à lire
l'Évangile, en privilégiant les textes qui présentent plus clairement la
pédagogie pastorale de Jésus en annonçant le Royaume de Dieu.
* Postulat
240. Dimension missionnaire-pastorale
- Consolider, par l'accompagnement, les
critères de foi pour la vie.
- S'engager pour une première expérience
de travail apostolique et de service aux pauvres.
- Grandir dans la sensibilité
missionnaire et sociale, attentif à lire les signes des temps.
* Noviciat
264. Dimension missionnaire-pastorale
- Découvrir dans notre mission
charismatique une manière de collaborer à la construction d'un monde plus
évangélique et fraternel.
- Rencontrer des frères de la
circonscription qui incarnent dans leur vie et dans leurs valeurs
charismatiques la mission de Jésus.
- Mener des activités de service auprès
des pauvres et des nécessiteux.
* Post
noviciat
284. Dimension missionnaire-pastorale
- Apprendre à programmer et à évaluer les
tâches pastorales en fraternité.
- Réaliser des expériences de mission
dans des situations frontalières.
- Rechercher un équilibre entre action,
vie spirituelle, fraternité et étude.
Ce sont des
indications de base et générales qui doivent être enrichies avec les
caractéristiques de chaque circonscription. Une croissance progressive de ces
indications est perçue à partir d'une simple orientation pour aborder un
ministère pastoral, en commençant à assumer une certaine activité de manière
orientée, en découvrant l'empreinte de notre charisme dans une telle activité,
en pouvant programmer et réaliser l'apostolat en fraternité. Cette
progressivité doit aussi être encore plus claire et plus palpable dans
l'itinéraire lui-même, lorsque les contenus à étudier et les expériences qui
les accompagnent sont spécifiquement indiqués, en fonction des objectifs qui
seront formulés. Nous devons offrir les moyens nécessaires pour réaliser ce que
nous voulons.
Chaque formando doit croître dans la
sensibilité missionnaire: découvrir qu'il existe un monde qui réclame notre
action; comprendre que notre façon d'agir doit être marquée par notre charisme
franciscain-capucin qui s'enrichit du don personnel de chaque frère sans perdre
le lien de la fraternité; garder toujours la tension de vouloir être vers les
frontières. Cette croissance doit être stimulée, et lorsqu'il est perçu que
cela ne se produit pas, ou au contraire qu'elle diminue, il faut intervenir,
évaluer et reprogrammer. Vous ne pouvez pas fermer les yeux lorsque vous percevez
qu'une forme n'est pas vibrée par la mission ou ne se laisse pas former dans
cette zone9.
C'est pourquoi il est
très important que les indications qui nous font connaître la pédagogie de
Jésus et sa prédilection, consolident ces critères de foi et de vie, découvrent
dans l'histoire de la mission de l'ordre et de la circonscription elle-même comment
ils se sont incarnés et sensibles au temps présent pour pouvoir désirer et
faire des expériences fortes avec les lépreux d'aujourd'hui. Il faut que tout
l'itinéraire soit bien pensé et réalisé, nous voulons qu'à la fin notre formando soit capable du don total de
lui-même, car ce n'est pas naturel en nous, mais quelque chose de surnaturel
d'un chemin de conversion et de dévouement. "L'objectif
est d'accompagner le candidat afin que, sur la base de sa réalité concrète,
avec les moyens de formation appropriés, il puisse vivre un véritable chemin de
conversion en devenant disciple de Jésus" (RF 138).
10 «Nous
reconnaissons la condition particulière de ces frères, communément appelés
missionnaires, qui, quittant leur propre pays d'origine, sont envoyés pour
exercer leur ministère dans différents contextes socioculturels, où l'Évangile
n'est pas connu ou où des services peuvent être rendus aux Jeunes
églises." (Const. 176.2)
11 «De la même manière, nous
reconnaissons l'engagement missionnaire particulier des frères envoyés dans des
lieux où une nouvelle évangélisation est nécessaire car la vie de groupes
entiers n'est plus éclairée par l'évangile et beaucoup de baptisés ont perdu,
en tout ou en partie, le sens de foi."
(Const. 176.3)
Formés et envoyés
Lorsque nous parlons
de mission, nous devons la comprendre de deux manières: la mission "ad gentes", comme on le disait
traditionnellement, qui impliquerait de quitter le territoire de votre
circonscription ou de votre nation. Cette mission est très importante pour
l'Église et pour l'Ordre, avec elle nous aidons à l'implantation de l'Église et
de l'Ordre, ou du moins à l'implantation de l'Ordre, et c'est un signe de notre
vivacité. Toutes les circonscriptions, même les plus petites ou celles où les
vocations diminuent, doivent également envoyer un frère. Nous devons penser à
certains critères, tels que, pour chaque 5 ou 10 professions perpétuelles, au
moins un frère doit partir. Cela donne de l'animation à la circonscription.
C'est pourquoi il est très important, tout au long du parcours initial, de
toujours garder cet horizon à l'esprit, et à un moment donné, de proposer à
tous les formandi une forte
expérience de mission à l'étranger, afin que «l'inspiration divine» (RB XII, 1) puisse toucher les moins
certains frères.
L'autre possibilité de
mission est la nouvelle évangélisation. Nos Constitutions définissent également
comme missionnaire l'ouvrier évangélisateur destiné aux personnes qui ont
abandonné la foi ou quitté l'Église. Pour cette raison, nos couvents doivent tous
être attentifs au développement d'un ministère, non seulement pour ceux qui y
participent déjà, ce qui est certainement très important pour soutenir la foi,
mais pour être des couvents à la sortie. Même les frères qui ne quitteront pas
leur territoire pour la mission doivent également être missionnaires. Nous ne
pouvons pas assister passivement au processus de sécularisation et de
déchristianisation, nous devons être audacieux, fidèles et créatifs, pour faire
la même chose que François et ses premiers frères. Pour cette raison, il est
essentiel que notre formation parvienne à éveiller dans tous nos formandi le désir de mission et les
instruments nécessaires pour l'accomplir.
"En tant que capucins, nous continuons d'être
envoyés là où personne ne veut aller" (RF 72). Il est
important de s'y préparer et de toujours le faire à partir de notre charisme.
Non seulement dans les territoires de mission éloignés, mais aussi dans les
périphéries existentielles qui peuvent être très proches de nos couvents. Il y
a beaucoup de "lieux" où personne ne veut aller, et malheureusement
tant de lieux occupés par nous où tant de gens voulaient être. Ne plaidons pas
pour être là où les autres veulent, ce n'est pas notre vocation.
La mise en œuvre de la
Ratio conduira certainement notre
Ordre à un renouveau important notamment dans l'expérience de notre charisme,
également en relation avec la mission. N'ayons pas peur d'être "prudemment audacieux", nous
sommes un Ordre qui a l'esprit d'être une réforme et c'est "une attitude qui fait partie de notre
identité charismatique" (RF 73). Peut-être que dans quelque chose nous
pouvons même faire des erreurs et que nous devrons évaluer et repenser, nous
devons "prendre les risques liés à
la marche vers un avenir non écrit" (RF 73).
Certes, les nouvelles
générations initiées dans cette volonté d'être authentiquement capucins
contribueront «à renouveler
l'enthousiasme de notre Ordre pour le Royaume de Dieu et la vivacité qui nous a
toujours caractérisés au cours des siècles»12. Mais, aussi pour les frères qui sont
dans notre formation continue, la nouvelle Ratio
nous donne une occasion unique d'apprendre avec les disciples d'Emmaüs à "toujours recommencer" et maintenant
avec beaucoup plus de raisons, et "à
ne jamais mettre fin à notre formation» (RF 182).
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12 R. Genuin, Remerciez le Seigneur,
29.